ELLE (fr)
PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS JEAN
À TOMBER DE...JONAS KAUFMANN
 
Une plastique caliente et une voix 24 carats : le ténor bavarois Jonas Kaufmann érotise Wagner. Rencontre exclusive à New York.
 
ELLE. Avec ce nouvel album, vous rendez sexy la musique de Wagner. Exploit ! Comment faites-vous ?

JONAS KAUFMANN. Quand on pense à Wagner, on imagine tout de suite un ténor sévère en train de brailler. On m'a même accusé de faire du Wagner « trop beau » ! Pourtant, au-delà des airs terribles, cette musique regorge de moments doux, tendres, sensuels. Alors, je pousse à fond les pianissimos. J'atténue les rudesses de ma prononciation. Oui c'est rare mais, au fond, Wagner n'était pas allergique à la délicatesse !

ELLE. Vous chantez sur ce CD les fameux « Wesendonck Lieder », qui appartiennent au répertoire des mezzo-sopranos. Qu'en dit votre femme, elle-même mezzo ?

J.K.  Au début, elle n'était pas ravie que j'empiète sur son territoire. Mais je suis fou de ces airs : on y entend un Wagner amoureux de la poétesse Mathilde Wesendonck. Un Wagner exilé politique en Suisse qui souffre aussi. Pourquoi une voix d'homme ne s'approprierait-elle pas ces sentiments ? Même ma femme admet que je ne m'en sors pas si mal, finalement.

ELLE. A la sortie de chaque représentation, des dizaines de fans vous attendent. Seriez-vous un ténor rock star ?

J.K. Après six heures sur scène à chanter « Parsifal », comme je viens de le faire au Metropolitan Opera, j'ai plus envie d'une bière que d'un bain de foule. Mais ces gens sont des wagnériens passionnés. Certains me disent que je les ai fait pleurer. Alors je suis ravi de signer des autographes.

ELLE. Un jour, Renée Fleming vous a dit : « Avec ton physique, on va te pousser à faire de la variété ! » Toujours pas ?

J.K. Oh, je ne dis pas que je ne le ferai jamais ! J'ai des enfants dont les idoles s'appellent Adele et Beyoncé, donc je reste ouvert. Mais, aucune d'entre elles ne m'a encore proposé de duo  !

ELLE. Vous n'en avez pas marre qu'on parle de vous comme du playboy de l'opéra ?

J.K. Au début de ma carrière, c'était déprimant : moi qui travaillais comme un fou, moi qui n'ai jamais franchi les portes d'un dub de sport, je n'entendais parler que de mon physique. Mais, depuis un an ou deux, je crois que ma voix intéresse davantage que ma silhouette.

ELLE. En chantant si souvent à New York, loin de chez vous, comment préservez-vous votre vie de famille ?

J.K. C'est simple, ma femme et mes enfants m'accompagnent. Et ils ne veulent plus partir ! Mes garçons me tannent pour aller dribbler à Central Park. Ma fille découvre les joies du shopping — je ne vous parle pas des excédents de bagages au retour. Mais moi, j'ai hâte de retrouver ma Bavière.

ELLE. Il existe un cliché selon lequel les Bavarois seraient stricts et sérieux. Vous démentez ?

J.K. Bon, c'est vrai que les gens en retard, ça n'existe pas chez nous, mais Munich est une ville relax, presque méridionale. Il faut dire que les Romains sont montés jusqu'au Danube. D'où, peut-être, mon air de ragazzo ! PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS JEAN






 
 
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