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Opera Online, 07 décembre 2020 |
Emmanuel Andrieu |
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Mascagni: Cavalleria rusticana, Teatro San Carlo, Napoli, 1.12.2020 (im Internet-Stream ab 04.12.2020)
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Jonas Kaufmann et Elina Garanca irradient dans Cavalleria Rusticana au Teatro di San Carlo !
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Trois jours avant le mythique Teatro
alla Scala de Milan (dont l’ouverture est ce soir, lundi 7 décembre), c’est
le non moins magnifique Teatro di San Carlo de Naples qui inaugurait sa
saison 20/21. Mais temps de pandémie oblige, c’est en ligne via Facebook que
la fête a eu lieu. Une fête qui a mal commencé avec des problèmes techniques
(sauts d’images notamment), tellement nombreux que la diffusion s’est
brusquement interrompue au bout de quinze minutes. Après dix minutes d’image
figée, elle a pu reprendre… mais des 11 000 viewers, elle n’en comptait plus
que la moitié, un chiffre qui remontera à 9900 au mieux de la soirée.
Mais venons-en plutôt au spectacle proprement dit, une soirée qui
donnait à entendre le chef d’œuvre de Pietro Mascagni, un Cavalleria
Rusticana donné ici en version de concert, avec rien moins que Jonas
Kaufmann en Turridu et Elina Garanca en Santuzza. Nous avions déjà entendu
le premier dans la capitale de la Campanie en juillet dernier dans une Aida
mémorable lors du Festival d’été du Teatro di San Carlo, et il est à parier
que Stéphane Lissner le fera venir régulièrement dans sa nouvelle maison. Si
la couleur sombre du ténor allemand convient mieux à Canio dans Pagliacci
(auquel le premier titre est généralement attaché, mais qui n’a pas été
retenu ici), l’interprète parvient néanmoins, comme à son habitude, à tirer
le meilleur de sa partie, avec sa voix d’airain qui demeure magnifique de
vaillance. Il réussit dès la fameuse Sicilienne à imposer avec éclat le
portrait de cet être fruste et pathétique qu’est Turridu, notamment
l’incapacité du personnage à comprendre les affres des autres, avant de
livrer un air final « Quel vino è generoso » d’une incroyable envergure.
La mezzo lettone Elina Garanca se révèle non moins grandiose dans son
incarnation de Santuzza. Sa voix large et puissante se coule facilement dans
cette musique pour en faire ressortir, à chaque instant, son superbe pouvoir
expressif, notamment dans son grand air « Voi lo sapete, o mamma » d’une
rare intensité. Rien ne manque ici, de son timbre capiteux à son émission
aussi facile que rayonnante, de la finesse du legato à la variété de la
palette des couleurs, la beauté glacée de la cantatrice n’étant nullement un
frein pour nous prendre aux tripes... Quant au baryton italien Claudio
Sgura, il présente un profil vocal brutal et heurté qui colle parfaitement
au personnage d’Alfio. De son côté, sa compatriote Maria Agresta campe une
Lola aux intonations idéalement aguicheuses, tandis que la vétérane Elena
Zilio (80 ans !) impose, en dépit d’un vibrato encombrant, sa forte présence
en Mamma Lucia.
Nouveau (jeune) directeur musical de la maison
napolitaine, le chef slovène Juraj Valcuha ne relâche jamais la tension, dès
une Ouverture qui fait respirer d’abord superbement sa phalange, avant de
lui imprimer une puissance et un lyrisme enivrants, tandis que les Chœurs du
Teatro di San Carlo se surpassent dans les nombreuses interventions qui
leurs sont confiées.
Heureux napolitains qui bénéficient d’un tel
chef permanent… en plus de la présence désormais régulière du ténor N°1 au
mythique et sublime Teatro di San Carlo !
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