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Olyrix, Le 21/08/2018 |
Par Pierre Géraudie |
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Wagner-Konzert, Walküre, 1. Akt, Gstaad, 18. August 2018
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Jonas Kaufmann, magistral ténor wagnérien au Festival de Gstaad
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En plein cœur du Gstaad Menuhin
Festival, un programme Wagner est à l’affiche d’un concert de gala où Jonas
Kaufmann attire toute la lumière. Le ténor allemand fait de nouveau la
brillante et totale démonstration qu’il est un chanteur wagnérien hors pair.
Parce que ce concert s’ouvre d’abord sur des pièces sans voix, il convient
de commencer par saluer la performance du Gstaad Festival Orchestra. C’est
bien simple : celle-ci est parfaite d’intensité, de force dramatique, de
tension et de sensibilité, aussi. Sous la baguette énergique du maestro
néerlandais Jaap Van Zweden, la phalange (composée d’une centaine de
musiciens issus des meilleurs orchestres suisses, de Bâle à Berne en passant
par Zurich) livre dans un élan de plénitude musicale trois des grands «
tubes » symphoniques de Wagner. D’abord l’ouverture des Maîtres Chanteurs de
Nuremberg (opéra créé en 1868), puis le prélude et le Liebestod (« Mort
d’amour ») de Tristan et Isolde (1865) et enfin « La Chevauchée des
Walkyries » issue de l’opéra du même nom (1870). Dans chacune de ces pièces,
redoutables par l’énergie absolue qu’elles requièrent, le Gstaad Festival
Orchestra se montre absolument irréprochable, avec une maîtrise absolue de
cette balance des nuances qui, plus qu’ailleurs sans doute, constitue
l’essence du répertoire wagnérien. Au cours d’une riche première demi-heure
de concert, le public passe par mille émotions, voit les frissons se
succéder et ne cesse d’être tenu en haleine par une musique qui jamais ne
traîne en longueur.
Jonas Kaufmann, bouleversant Siegmund
Après cette première partie symphonique, les solistes font leur
apparition sur scène. Et notamment le plus attendu d’entre eux : Jonas
Kaufmann. Ce dernier arrive en boitant légèrement et commence d’abord par
s’asseoir (il souffre d’une douleur à un orteil). Mais ce n’est que pour
mieux se mettre en lumière à mesure de l’avancée de cet acte I de La
Walkyrie. Le ténor allemand y interprète un divin Siegmund, bouleversant de
profondeur tragique et fantastique d’intensité vocale. Le chanteur vedette,
avec son timbre chaud et aérien si particulier, dégage une déconcertante
facilité d’émission sur l’ensemble des registres. Que dire de ses aigus
vengeurs et guerriers dans l’air de l’épée (« Wälse, Wälse »), sinon qu’ils
sont absolument éclatants et éblouissants, projetés avec une puissance
jamais départie de maîtrise, et nantis d’un contrôle du souffle
exceptionnel. Et le chanteur munichois n’est pas moins à l’aise quand il
s’agit d’être davantage dans la sensibilité et la tendresse, comme dans les
duos d’amour incestueux avec Sieglinde.
Sieglinde, justement, est
interprétée par une irréprochable Martina Serafin. Rompue au répertoire
wagnérien (elle sera Isolde à l’automne prochain à l’Opéra Bastille : il
reste quelques places à réserver ici, ainsi que pour la Tosca de Kaufmann),
la chanteuse autrichienne exprime un soprano qui ne manque pas de caractère.
La voix est bien projetée sur l’ensemble de la tessiture, quoique davantage
expressive dans les aigus. Quant à la force dramatique du personnage, tout
comme la complicité qui la lie avec Siegmund, elle est pleinement restituée
par la soliste.
Reste le rôle de Hunding, moins sollicité dans cet
acte I. Il est campé par un Falck Struckman râblé, dôté d’une voix de
baryton-basse profonde et ardente se déplaçant sur une large tessiture.
L’aspect sombre et autoritaire du personnage est, ainsi, parfaitement
incarné.
Une bien belle version de concert, qui ne laisse in fine
qu’une seule frustration : celle que l’oeuvre ne se poursuive pas jusqu’à
son terme.
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