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Forum Opera, 20.5.2016 |
Par Clément Taillia |
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Wagner: Wesendonck Lieder, Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 19. Mai 2016
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Wesendonck-Lieder par Jonas Kaufmann - Paris (TCE)
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Jonas Kaufmann à petite dose... |
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Nina Stemme, Waltraud Meier, Petra Lang, Violetta Urmana,… ces dernières
années, nombreuses sont les grandes voix wagnériennes qui, à plusieurs
reprises, ont fait entendre à Paris les Wesendonck-Lieder. Chantés par un
homme, en revanche, c'est toujours une rareté. Que cet homme s’appelle Jonas
Kaufmann, et la rareté se fait événement.
Entre deux représentations
munichoises des Maîtres Chanteurs de Nuremberg, où il aborde en version
scénique le rôle de Walther von Stolzing, Kaufmann rappelle combien les
Wesendonck-Lieder lui siéent. Pour inhabituelle qu’elle y soit, sa voix en
épouse les capiteuses harmonies. Son incomparable diction détaille, avec
plus de volupté encore que dans le disque Wagner enregistré pour Decca, les
moindres subtilités du texte, sans pour autant qu’un mot soit dit plus haut
que l’autre ou semble sur-articulé. Aucune préciosité, aucun écart de style
: la langue de ces mélodies troublantes, faites tout à la fois de lassitude
et d'exlatation, Jonas Kaufmann la parle couramment. Même à petite dose,
dans une apparition éclair de vingt minutes à peine, même quand il ne se
montre pas sous son meilleur jour, même quand il réprime de nombreuses
quintes de toux et qu'il détimbre, plus encore qu'à l'accoutumée, ses aigus
et ses piani, son naturel et son métiers restent uniques en leur genre : on
aura pu trouver « Der Engel » précautionneux, mais « Schmerzen » comme dans
une souffle, arc tendu vers les horizons impalpables de « Träume », voilà
quelques minutes dont on ne voudrait surtout pas se passer.
Daniele
Gatti lui-même n'y résiste pas : peut-être aidé par sa fréquentation
parallèle de Tristan, il trouve en accompagnateur l'inspiration et le
souffle qu'il refusait à Liszt. Donné en introduction, Orphée, bref poème
symphonique que Wagner admirait, eut mérité un autre art de l'articulation.
Cette mollesse faisait craindre le pire pour la 7e Symphonie de Bruckner. Et
les profondes voûtes des deux premiers mouvements, sans doute, flattent la
cohésion instrumentale de l'Orchestre National de France, en bonne forme,
autant qu'elles échappent à Gatti ; leur granit s'élève moins qu'il
s'effrite. Plus brefs, plus vifs, plus accessibles en somme à sa lecture
séquencée, les deux derniers mouvements convainquent davantage, sans faire
oublier vraiment que du côté du podium, c'est l'inspiration qui était à
petite dose...
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