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ConcertoNet |
Olivier Brunel |
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Mahler: Das Lied von der Erde, Paris, TCE, 23. Juni 2016
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Très considérable performance
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Public des grands soirs, c’est à dire public âgé, pour ce concert de
l’Orchestre philharmonique de Vienne qui devait être dirigé par Daniele
Gatti, remplacé par le Britannique Jonathan Nott. Il est peu probable que la
plus grande partie de ce public venu conquis d’avance pour Jonas Kaufmann,
coqueluche absolue des milieux musicaux européens, ait réalisé le défi que
le ténor allemand allait relever en interprétant seul Le Chant de la terre
de Mahler, une «symphonie de Lieder» selon l’expression d’Henry-Louis de La
Grange, composée pour deux solistes (ténor et contralto, avec option baryton
pour remplacer cette dernière). Les plus avertis parmi le public étaient, à
raison, sceptiques pour la raison évidente qu’une seule voix, aussi experte
fût-elle, ne peut réaliser à la fois les aigus périlleux et chanter en ténor
de caractère comme le réclament «Das Trinklied vom Jammer der Erde» et «Der
Trunkene im Frühling», plonger dans les graves abyssaux de «Der Abschied» et
timbrer le parlando des six «ewig» qui le terminent, ni même donner les
couleurs crépusculaires que requiert «Von der Schönheit» du contralto.
Il a bien fallu se rendre à l’évidence que Jonas Kaufmann, même s’il n’a
pas réussi l’irréalisable grand écart, a cloué quelques becs en transformant
ce défi en une très considérable performance, avec toutes les ressources et
artifices dont il dispose vocalement et musicalement et surtout
l’intelligence du texte à qui il a donné sans aucune emphase toute la
dimension littéraire que lui refusent trop souvent les chanteurs uniquement
préoccupés de beau son. Si l’on ajoute à cela que les Wiener Philharmoniker,
auxquels Le Chant de la terre est congénital, se sont surpassés sous la
direction très attentive de Jonathan Nott, chaque instrument soliste frisant
à chaque intervention le miracle, l’ensemble gardant une tenue impeccable
dans une partition qui donne trop souvent l’occasion au désordre. Ils
avaient avant l’entracte donné une exécution non compromettante de
l’Ouverture de Coriolan, permettant au public que l’on a dit de s’acclimater
à la salle après une grande bouffée de chaleur à l’entrée du théâtre – les
contrôles de sécurité vont-ils bientôt dépasser en longueur les concerts
eux-mêmes? – puis une démonstration parfaite et un échauffement instrumental
idéal avec le bien répétitif poème symphonique Mort et Transfiguration de
Richard Strauss.
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