la Croix, 29/7/13
Emmanuelle Giuliani
 
Verdi: Don Carlo, Bayerische Staatsoper, 25. Juli 2013
 
Munich sur un air d’opéra
La peinture n’est pas de la meilleure facture mais l’expression douce et sérieuse du maestro récemment décédé est fidèlement restituée. Sous le portrait de Wolf­gang Sawallisch, qui fut directeur musical de l’Opéra de Munich durant plus de vingt ans (de 1971 à 1992), les spectateurs échangent saluts et amabilités d’usage avant de regagner leur siège. L’excitation est palpable, aussi bien chez les habitués du « Nationaltheater » que chez les visiteurs étrangers (dont maints Français) qui ont fait le voyage vers la capitale bavaroise, écrasée, en ce mois de juillet, sous un soleil de plomb. Des rangs d’orchestre aux galeries supérieures et des fauteuils confortables aux nombreuses places debout, ces Stehplätze beaucoup plus abordables, le public frémit de plaisir anticipé… À la mesure de la déception de ceux, moins chanceux, qui ont arpenté vainement le perron devant l’entrée de l’Opéra, un panneau Suche eine Karte («Cherche un billet ») à la main…

Une voix clair de lune

Zubin Mehta, un autre ancien directeur musical de la maison (de 1988 à 2006), est aujourd’hui dans la fosse d’orchestre. Il dirige Don Carlo de Verdi, l’un des nombreux ouvrages du compositeur italien programmé durant le festival d’été 2013. Le plateau vocal est d’or, avec notamment, dans le rôle de Carlo, infant d’Espagne rival politique et amoureux de son père le roi Philippe II, le ténor Jonas Kaufmann, infant lyrique de Munich.

C’est en grande partie grâce à lui – ou à cause de lui – que les places se sont arrachées. Après Manrico, le Trouvère du même Verdi, qu’il a abordé pour la première fois de sa carrière au début du festival, le chanteur à la voix de clair de lune (qu’il doit cependant prendre garde de ne pas surmener) et à la musicalité bouleversante revient à ce Carlo fragile et désespéré, auquel il apporte toute l’intelligence et tout le romantisme de son art. Ses partenaires sont aussi de ceux qui font rêver, de la somptueuse soprano Anja Harteros – partenaire verdienne et wagnérienne privilégiée de Jonas Kaufmann– à la noble basse René Pape ou encore à Ludovic Tézier, le baryton français, marquis de Posa superbe et généreux…






 
 
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