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Classica
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Wagner: Lohengrin, Teatro alla Scala, 14. Dezember 2012
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Lohengrin
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À MILAN ET ZURICH, L'ANNÉE WAGNER A DÉJÀ COMMENCÉ EN 2012, AVEC UN «
LOHENGRIN » ET UN «VAISSEAU FANTÔME» TRANSCENDÉS RESPECTIVEMENT PAR JONAS
KAUFMANN ET BRYN TERFEL. RÉCITS. |
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Bicentenaires obligent, pour inaugurer sa nouvelle saison consacrée à Verdi
(sept ouvrages) et Wagner (six titres, dont le Ring), la Scala a choisi un
Lohengrin signé Claus Guth (1), avec le couple idéal Kaufmann-Harteros. Même
si Anja Harteros, grippée, n'a assuré que les trois dernières
représentations et si la production, très belle mais dramatiquement confuse
et inaboutie, nous laisse frustrés, la soirée est glorieuse.
Il est
significatif que chaque spectateur interprète comme il l'entend le propos
ambigu du metteur en scène, qdon a connu plus cohérent et subversif. Ici, on
peut croire au respect du livret transposé à l'époque de Wagner et de «
l'énigme de Kaspar Hauser» : personne n'est choqué. Ce Lohengrin égaré,
per-du, sans identité, débarquant de nulle part pieds nus, apeuré et
convulsif, existe-t-il seulement? D'autant que pour Elsa, il est assimilé à
Gottfried, le frère trop aimé, disparu, qu'elle est accusée d'avoir tué.
Elle est hantée par les souvenirs de leurs jeux d'enfants évoqués par des
images d'une miraculeuse poésie avec diverses apparitions d'un couple
d'adolescents, dont un Gottfried ailé. Unique certitude : les fantasmes
incestueux d'Elsa, amoureuse de l'inconnu en qui elle croit reconnaître son
frère, dans la logique freudienne du Vaisseau fantome bayreuthien de Guth,
où le Hollandais rêvé par Senta était le double de Daland, le père.
Aux côtés d'un Kaufmann (cidessus à gauche) éblouissant, maitrisant
le rôle avec un art des nuances incomparable et ce timbre crépusculaire qui
contraste avec les voix lumineuses associées au personnage, Ann
Petersen, mieux qu'une doublure, est une Elsa fragile, sensible. Luxueux Roi
Henri d'un René Pape un peu absent. Le couple Telramund (Tomas Tomasson,
effacé et sans mordant)/Ortrud (Evelyn Herlitzius au meilleur d'elle même,
brûlant les planches) est résolument bourgeois. Plus accomplie, semble-t-il,
qu'à la première télévisée, la direction vive et passionnée de Daniel
Barenboim avec un orchestre majestueux ménage des moments de pur lyrisme.
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