Opéra Magazine, Décembre 2010
Richard Martet
Schubert: Die schöne Müllerin, Paris, TCE, 14. Oktober 2010
 
En récital - JONAS KAUFMANN Helmut Deutsch (p)
Proposé dans le cadre de la série « Les Grandes Voix », c'était l'un des récitals les plus attendus de la saison parisienne. A-t-il tenu ses promesses ? Pas entièrement, même si l'accueil délirant réservé à Jonas Kaufmann par un Théâtre des Champs-Élysées archi-comble prouve que là plupart des spectateurs y ont trouvé leur compte.

D'abord, le ténor allemand, apparemment pas complètement remis du virus qui l'avait contraint, quelques jours plus tôt, à annuler ses concerts de Berlin et Barcelone, n'a pas paru au sommet de sa forme et il lui a bien fallu sept ou huit lieder pour entrer véritablement dans le vif du sujet. Ensuite, nous continuons à douter de l'adéquation de sa nature vocale avec l'univers de Die schöne Müllerin, pour des raisons que Rémy Stricker a admirablement détaillées dans ces colonnes, au moment de la parution du disque Decca (voir O. M. n° 49 p. 78 de mars 2010).

Enfin, il semble évident que Helmut Deutsch n'est pas un partenaire à la hauteur de l'enjeu : encore plus mécanique et terre à terre qu'à l'enregistrement, il ne se hisse jamais au niveau de son ténor.

Pour le reste, et compte tenu des réserves précédemment formulées, il faut bien avouer que le chanteur demeure l'un des plus intelligents et doués de sa génération. Musicien immense, il déploie des trésors d'intensité dans les lieder les plus tragiques, qu'il transforme en de poignants moments de théâtre, confirmantau passage que l'opéra est bien son territoire de prédilection. Plus d'une fois, on succombe, mais toujours en songeant à l'exceptionnel Florestan ou Lohengrin que Jonas Kaufmann incarne aujourd'hui, et à l'idéal Siegmund qu'il sera bientôt.

Un événement ? Sans doute pas. Un ténor d'anthologie ? C'est certain.






 
 
  www.jkaufmann.info back top