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Forum Opera |
Arnaud Mercadier |
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Lohengrin, Nationaltheater, München Le 08/07/2009 |
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Quand Jonas nous fait Cygne
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La nouvelle production de Lohengrin de l’Opéra
de Munich a été conçue pour servir d’écrin aux débuts très attendus de Jonas
Kaufmann dans le rôle titre. La mise en scène, contemporaine, s’est vue
confiée à Richard Jones. Le début du premier acte se passe devant un grand
mur d’intérieur de palais percé de deux portes par lesquelles passe Elsa en
salopette et chemiser jaune chargée de briques blanches. Concentrée sur ses
allées et venues elle ne prête pas attention à l’action jusqu’au moment où
Telramund la retient violemment durant ses accusations. Le Héraut reste pour
toutes ses interventions sur une chaise haute à l’avant scène devant une
caméra diffusant son visage sur deux écrans en forme de lunettes situés
en-dessous des surtitres, mélange de Big Brother et de retransmission
télévisée en direct. L’arrivée de Lohengrin se fait une fois le mur ouvert
révélant les fondations de la maison qu’Elsa est en train de construire,
chargé d’un cygne en carton pâte à la tête et au cou mobiles qu’il porte
dans ses bras. Il est bien évident que le mouvement de l’animal est actionné
par le chanteur ce qui provoque une hilarité globale dans la salle. Le
public bavarois aura encore l’occasion de montrer sa bonne humeur lors du
duel, maladroitement chorégraphié, entre Lohengrin et Telramund dont l’épée
s’enflamme par magie et au moment où Lohengrin rejoint sa future épouse pour
participer lui aussi à la construction de la bâtisse.
Le second acte s’ouvre sur un ballet de brouettes. Elsa et Lohengrin n’ont
pas chômé durant l’entracte, les murs sont montés en partie. Telramund et
Ortrud se retrouvent ensuite à l’avant-scène devant la cloison qui
s’effacera de nouveau au moment où se termine la toiture pour le mariage des
époux en costume bavarois.
La maison est désormais achevée au III, les parois sont ouvertes sur
l’intérieur. Des accessoiristes dansent en rythme tout en terminant un
parterre de fleurs au message de paix. Après avoir remercié la foule et
assisté à l’élaboration du lit nuptial comme chez Carsen, le couple se
retrouve dans cet intérieur bourgeois avec landeau et lit d’enfant que
Lohengrin brûlera suite à la dispute conjugale que représente la
désobéissance d’Elsa. Retrouvant t-shirt bleu, pantalon et basquets en lamé
argent, Lohengrin quitte le Brabant après avoir échangé son cygne articulé
contre l’enfant héritier du trône tandis que le peuple et Ortrud, assis sur
des bancs de classe d’école, se pointent un révolver sur la tempe : tout est
perdu.
Ce constat terriblement pessimiste n’a pas empêché la qualité musicale et
surtout vocale d’être au rendez-vous malgré une direction musicale de Kent
Nagano étrangement sèche, sans flamme, n’enveloppant pas les chanteurs,
semblant se contenter d’une lecture étonnement froide.
Evgeny Nikitin, désormais habitué du rôle, est un Héraut percutant .
Christof Fischesser incarne un Heinrich der Vogler juvénile de timbre tout
en possédant les notes du rôles, notamment dans le grave au détriment d’un
aigu moins libre mais qui se confond avec les voix de Nikitin et de Wolfgang
Koch, solide et sonore Telramund qui se révélera impressionnant au second
acte peut-être au contact de Michaela Schuster magnifiquement chantante, à
l’impact vocal indéniable dû à un timbre dense, sans limite d’aigu. Enfin
une Ortrud qui n’est pas dépassée par les exigences terribles de ce rôle au
point d’en être trop sage comme ce sera le cas dans les imprécations du III
qui tombent malheureusement à plat.
La satisfaction sera totale grâce au couple formé par Anja Harteros et Jonas
Kaufmann dans leurs prises de rôle respectives. Elle, éclatante du fait
d’une voix parfaitement menée, libre, ronde et très sonore trouvant son
plein épanouissement dans le III tout comme Jonas Kaufmann, jamais pris
en défaut, dès sa superbe entrée en coulisses, distillant son timbre unique,
se permettant de sublimes attaques piano dans l’aigu ainsi que de
remarquables envolées dont il est coutumier pour culminer dans un récit du
Graal anthologique.
Remarquables prestation des chœurs malgré un décalage sans doute dû au à
leur positionnement inconfortable dans des escaliers en fond de scène et sur
les côtés.
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