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Qobuz/Classica, 5 février 2010 |
Par Nicolas d’Estienne d’Orves |
Bizét, Carmen, Mailand, 7. Dezember 2009
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La cigarière de l’Est
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Carmen de Bizet à la Scala de Milan (décembre 2009). La révélation Anita
Rachvelishvili, une Carmen vénéneuse et sensuelle, mais un spectacle et une
direction ternes.
Monter Carmen n’est pas une sinécure. Apporter quelque chose de neuf à ce
chef-d’œuvre rebattu et rabâché est presque chimérique. Emma Dante n’a sans
doute pas cherché bien loin, et sa mise en scène se cantonne à des clichés.
Pour l’ouverture de la saison 2009-2010 de la Scala, ce spectacle s’est
d’ailleurs fait copieusement huer, ce qui n’était sûrement pas la peine.
Rien de bien marquant dans cette production : un Escamillo vulgaire (Erwin
Schrott), une Micaela transparente (Adriana Damato), un chef trop prosaïque
(Daniel Barenboim, souvent peu inspiré). Rien de bien marquant... sauf Don
José et Carmen. Dans le rôle-titre, la jeune soprano géorgienne Anita
Rachvelishvili a fait parler d’elle, et ça risque de continuer. Présence
vénéneuse ; voix ample, charnue, parfois débordante ; un jeu sensuel mais
jamais vulgaire... À vingt-cinq ans, voici une découverte qui peut vite
devenir une star montante.
On serait de mauvaise foi si l’on ne tirait également son chapeau à son
partenaire : mais Jonas Kaufmann n’est pas une découverte. Annoncé malade,
le ténor teuton a une fois de plus donné une vraie leçon de chant et
d’élégance musicale. En revanche, l’ensemble de la distribution (même
Kaufmann !) mérite un zéro pointé en matière de diction. Certes, nous
sommes à la Scala. Mais quand aucun des chanteurs ne parle la langue,
pourquoi ne pas opter pour la version avec les récitatifs composés par
Guiraud, plutôt que ces dialogues mâchonnés qui semblent lus en phonétique ? |
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