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Classic Toulouse |
Robert Pénavayre |
Beethoven: Fidelio, Paris, Palais Garnier, 18 décembre 2008
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Une distribution superlative
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Le dernier casting en date de
Fidelio au Palais Garnier, réunissait Hildegard Behrens et Jon Vickers.
C’était en… 1982 ! Grand retour donc pour l’unique opéra de Beethoven, dans
une nouvelle production mais aussi et surtout, une distribution de très
grand niveau. |
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Passons
charitablement sur une production très tendance Allemagne de l’Est avant la
réunification, le misérabilisme des décors et des costumes tenant lieu ici
de concept nouveau. Sauf que cette typologie encombre les scènes lyriques
depuis plus de vingt ans ! La mise en scène de Johan Simons n’apporte aucun
éclairage nouveau sur cet ouvrage, même si l’on peut admettre qu’elle soit
d’une précision chirurgicale. L’adjonction de récitatifs supplémentaires au
1er acte virant à la justification de l’épuration politique est complètement
déplacée car inutile et prolonge cet acte de façon inconsidérée.
Heureusement une éblouissante distribution faisait entrer ces reprises
parmi les grandes dates de la présente saison.
Bien sûr, tout le monde attendait le Florestan de Jonas Kaufmann. Celui qui
est d’ores et déjà considéré comme le plus grand ténor de sa génération
délivra une interprétation anthologique et formidablement émouvante de son
air du 2ème acte. Abandonnant le hurlement déchirant adopté par les plus
grands pour débuter cet aria, Jonas Kaufmann choisit de faire sourdre du
plus profond de son angoisse une plainte quasiment inaudible qui va
s’amplifiant à l’infini pour atteindre le Créateur. L’effet, d’une
difficulté sans égale, est magistral. Maître absolu des colorations les plus
subtiles, capable de dynamiques vocales étourdissantes, le ténor allemand
n’en finit pas de tutoyer la perfection, au-delà même de ce que l’on pouvait
rêver.
Tragédien au pouvoir fascinant, Jonas Kaufmann marque encore une fois d’une
trace indélébile l’interprétation de ce personnage.
A ses côtés, et dans un rôle beaucoup plus conséquent, Angela Denoke propose
un portrait fort et attachant de Fidelio/Léonore. Malgré une émission qui se
tend en fin de soirée, saluons la performance du soprano face à un emploi
redoutable.
Remplaçant au pied levé Franz-Josef Selig dans Rocco, Kurt Rydl n’eut,
malgré tout, aucun mal à imposer de sa voix tétralogique ce personnage d’une
grande humanité. Habitué des rôles wagnériens, Alan Held compose un Pizarro
absolument terrifiant à tous les points de vue. Son baryton superbement
timbré, royalement projeté, sa stature… gigantesque (1,98 m !), tout
contribue à donner de l’ampleur à son interprétation. Julia Kleiter est une
Marzelline au timbre lumineux et trouve avec le Jaquino d’Ales Briscein un
partenaire idéal.
Saluons également la belle autorité vocale et scénique de Paul Gay dans Don
Fernando.
Les phalanges chorales sont superlatives dans une partition magnifiquement
écrite pour elles.
L’Orchestre de l’Opéra National de Paris, placé sous la direction de Sylvain
Cambreling est également d’une rigueur exemplaire, débutant l’ouvrage, et
c’est une vrai rareté, avec l’ouverture de Léonore I.
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