|
|
|
|
|
Agence France-Presse, 17 juin
2007 |
|
Verdi : La Traviata, Paris, Palais Garnier, 06/16/2007 - et 19, 24, 27,
30 juin, 3, 6, 8, 12 juillet 2007
|
Une "Traviata" sans clichés, mais avare en émotions à l'Opéra de Paris
|
|
|
Le metteur en scène suisse Christoph Marthaler a
récolté les huées d'une bonne partie du public, samedi soir au Palais
Garnier à Paris, à l'issue de la première d'une nouvelle production de "La
Traviata" de Verdi débarrassée des conventions et des clichés, mais avare en
émotions.
L'irrévérencieux Marthaler, habitué des broncas du public parisien, s'est
présenté à la salle tout sourire, accompagné de sa décoratrice attitrée,
l'Allemande Anna Viebrock.
La distribution vocale a pour sa part été chaleureusement applaudie (huit
représentations jusqu'au 12 juillet).
Pour ce parangon du drame romantique qu'est "La Traviata", Marthaler et sa
décoratrice ont renoncé aux riches appartements de la demi-mondaine
Violetta, au premier acte, pour situer l'action dans le vestiaire d'une
salle de spectacles défraîchie et éclairée aux néons.
Violetta - interprétée sans grande chaleur ni richesse par la soprano
allemande Christine Schäfer - donnée d'emblée comme fragile et condamnée,
évolue au milieu d'amis alcooliques et délibérément grotesques, comme
lorsqu'ils sont frappés de tics nerveux pendant le célèbre toast.
Au deuxième acte, pas de maison de campagne, mais la réparation d'une
tondeuse à gazon sur une petite scène de théâtre en fond de scène, et une
chaise longue où Violetta s'allonge pour entendre les imprécations de
Germont père (le baryton-basse belge José Van Dam, encore vaillant).
La fête chez Flora, blonde écervelée, enfonce le clou de la médiocrité de
cette société de fêtards, qui s'amuse à peu de frais - on boit le champagne
dans des flûtes en plastique - et rejette Violetta aussi vite qu'elle l'a
courtisée.
Au troisième acte, plus sage, Violetta agonise dans son lit - installé sur
la petite scène de théâtre - avant d'expirer au milieu de dizaines de
bouquets de fleurs tapissant déjà le sol, anticipation sinistre de sa mort.
Le spectacle est traversé de plusieurs bonnes idées, comme la horde sauvage
des invités se ruant sur le vestiaire pour récupérer leurs affaires, ou les
baisers passionnés d'Alfredo à Violetta, alors même qu'il vient de
l'humilier en public.
Mais à trop insister sur la médiocrité des personnages - Alfredo, par
exemple, n'est qu'un simple "loser" malgré la voix puissante du ténor
allemand Jonas Kaufmann - Marthaler rend parfois cette +Traviata+
anecdotique. A l'instar de sa Violetta qui, même isolée dans un rond de
lumière - le metteur en scène dit s'être inspiré d'Edith Piaf - n'émeut
guère.
Le chef Sylvain Cambreling, à la tête de l'Orchestre de l'Opéra de Paris, a
suivi la même ligne, sans pour autant partager les huées adressées au
metteur en scène au salut final.
PARIS, 17 juin 2007 (AFP) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|