Scènes magazine, Genève, septembre 2007
Pierre-René SERNA
Verdi : La Traviata, Paris, Palais Garnier, 16 juin 2007
Opéra à Paris : “Traviata “
Difficile de traiter La Traviata de manière inusitée, sans la trahir. C’est pourtant l’objectif pleinement accompli par Christoph Marthaler au palais Garnier.
Le metteur en scène a élu des situations de notre temps, ou de n’importe quel temps, ou de toujours. La douloureuse héroïne ressemble à Édith Piaf, sa fragilité et ses inquiétudes, mais pas exactement. De même pour ceux qui l’entourent, qui pourraient sortir des années 60 (son compagnon, Alfredo), du XIXe siècle (Giorgio) ou de tout autre époque (les membres du chœur ou les figurants). Comme aussi le décor, sorte de scène de théâtre ou de cinéma de style indéfini, comme il peut s’en voir à Paris, à Buenos Aires ou toute grande conurbation mondiale. Ajoutons des directives précises des personnages, et surgit la vérité éternelle des sentiments. Immédiatement transmissible et très émouvant ! si l’on omet l’agitation gratuitement hystérique de certains participants aux festivités du deuxième acte. L’émotion ressort pareillement de la symbiose entre la vue et l’ouïe. La battue souveraine de Sylvain Cambreling maintient une tension constante à partir d’une fosse instrumentale subtilement colorée sous un plateau où les voix se fondent. Christine Schäfer est une Violetta idéale de phrasé et d’incarnation ; comme Jonas Kaufmann, Alfredo de style parfait, un des meilleurs ténors belcantistes ou verdiens du moment. Michèle Lagrange (Annina), une chanteuse aux moyens sûrs en dépit d’une carrière discrète, ou José Van Dam (Giorgio) complètent une distribution sans accroc. Un parfait travail d’équipe.
Vu et entendu: un Alfredo de rêve au Palais Garnier le 3 juillet, en la personne de Jonas Kaufmann, ténor dont on a pas fini de parler. (Rendez-vous musicaux SM 197)






 
 
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