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Classic Toulouse,
février 2007 |
Robert Pénavayre |
Récital à
Théâtre du Capitole/ Jonas Kaufmann (19/02/2007)
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Comme un kaléidoscope de l’amour
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Un récital de mélodies est, toujours, l’un des
exercices les plus difficiles à réaliser pour un chanteur. Réclamant une
extrême exigence de tous les instants, le récital abandonne l’interprète à
lui-même, face à un répertoire ne supportant aucun compromis.
Quand, en plus, le choix d’un programme redoutable ajoute à la difficulté…
Ce fut incontestablement le cas pour ce premier récital de la saison lyrique
toulousaine, au cours duquel pas moins de 21 lieder allaient nous amener
tout au long de cette soirée vers un bonheur musical d’une incroyable
intensité.
Débutant par le gigantesque « Die Bürgschaft » de Schubert, une vaste épopée
lyrique, mouvementée, empreinte d’un sentiment d’amitié aux limites
infinies, la soirée se poursuivait avec les trop rares « Seven Sonnets of
Michelangelo » que Britten offrit à son compagnon, le ténor Peter Pears. La
seconde partie du récital était entièrement consacrée à Richard Strauss et
se terminait par deux sublimes chefs d’œuvre du genre : « Morgen » et
«Cäcilie».
Enorme programme donc qui réclamait un interprète d’exception ainsi qu’un
pianiste beaucoup plus que virtuose. La gigantesque ovation qui salua la fin
de ce récital prouve, à l’évidence, que les deux étaient réunis.
Autant dire de suite que nous n’avons pas reconnu le ténor Jonas Kaufmann.
Certes, pour sa première apparition toulousaine dans Mignon en 2001, les
éléments ne lui avaient pas été favorables et le rhume qui s’était emparé de
lui ne nous avait guère permis d’apprécier son Wilhelm Meister. Aujourd’hui,
Jonas Kaufmann est devenu un ténor à la voix puissamment projetée, au timbre
d’un éclat fulgurant, à l’ambitus d’une profonde largeur et particulièrement
homogène. Un musicien d’une incroyable subtilité aussi. Colorant son chant
des mille nuances que les plus fameux poètes ont déposées sur les strophes
interprétées ce soir-là, Jonas Kaufmann pare son émission d’une dynamique
qui conjugue à la perfection la révolte à la douceur et l’intime à
l’universel.
Dans ce cheminement musical tout empreint d’émotion, Jonas Kaufman était
accompagné, avec précision, poésie et complicité, par le pianiste Helmut
Deutsch. |
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