OPÉRA MAGAZINE, France
GÉRARD MANNONI
Récital, Grand-Théâtre, Bordeaux, le 26/11/2007
Jonas Kaufmann, Grand Théâtre, 26 Novembre
Peu à peu, la renommée de Jonas Kaufmann gagne l’Hexagone. Après quelques apparitions en région, puis au Châtelet, et enfin au Palais Garnier, le ténor allemand a incontestablement marqué des points avec son remarquable récital bordelais. Le chant, c’est vrai, n’entre pas réellement dans les catégories dont le public français raffole: ni vraiment « a l’italienne », ni vraiment « à la germanique », il est pourtant de ceux avec lesquels il faudra désormais compter dans le peloton de tête des ténors internationaux. En commençant avec le difficile Die Bürgschaft de Schubert, pour passer ensuite aux multiples climats du Britten italianisant des Seven Sonnets of Michelangelo, avant de terminer sur un groupe de lieder de Richard Strauss, Jonas Kaufmann a prouvé qu’il était l’un de ces rares chanteurs d’opéra vraiment à l’aise dans l’univers de la mélodie.

De bout en bout, on admire la confondante intelligence des textes, le sens musical infaillible, ainsi qu’un contrôle vocal assez unique aujourd’hui. Tour à tour puissante ou ténue, jouant à l’occasion du registre de tête avec une subtilité exemplaire, la voix renoue avec la grande tradition des spécialistes d’outre-Rhin, rappelant souvent Fritz Wunderlich, le modèle, à la fois par le timbre et l’investissement personnel. Il est vrai que Kaufmann a pour partenaire Helmut Deutsch, qui fit ses débuts aux côtés d’Irmgard Seefried et reste le complice préféré des plus éminents concertistes actuels. L’alliance comme spontanée, naturelle, entre les deux hommes rappelle celle des plus fameuses équipes des années 1950-1960. Ajoutons que le comportement scénique du ténor est à la fois expressif et dépourvu de la moindre afféterie.

Un récital mémorable, qui rend impatient d’entendre son Florestan dans Fidelio à l’Opéra National de Paris en 2008-2009, et, on l’espère, un concert dans la série des Grandes Voix.






 
 
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