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Le Figaro, 09/09/2013 |
Ariane Bavelier |
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L'album Verdi de Jonas Kaufmann en avant-première
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AUDIO
- Le ténor munichois sort son nouvel album chez Sony Classical le 16
septembre. Le Figaro.fr vous en offre l'écoute en exclusivité.
Question éclat, palette d'émotions ou puissance, Verdi se pose dans la
carrière d'un ténor comme une épreuve de vérité. En cette année du
bicentenaire du compositeur, le ténor munichois Jonas Kaufmann, 44 ans , s'y
mesure dans un CD où il chante douze grands airs. De «La Donna e mobile» de
Rigoletto à «Niun mi tema» d'Otello, il endosse les humeurs et quelques uns
des grands rôles verdiens, donnant sa voix chaude et ambrée à Radamès,
Riccardo du Bal masqué, Rodolfo de Luisa Miller, Don Carlo, Carlo d'I
Masnadieri (les Brigands) ou Alvaro de La Force du destin. Selon, il y fait
passer tendresse, douleur, joie ou colère. «Verdi c'est le symbole de
l'Italie: simple, direct, impressionnant, combinant le folklore italien et
sa grande culture de l'opéra classique», dit le ténor.
Jusqu'à
présent, Verdi lui a plutôt porté chance. C'est en interprétant la Traviata
au MET de New York en 2006 que le chanteur est entré dans la légende des
plus grands ténors du XXe siècle. Il a poursuivi en cette année du
bicentenaire de la naissance de Verdi avec Don Carlo à Londres, Munich et
Salzbourg, deux prises de rôle dans La Force du Destin et Il trovatore, et
cet album Verdi, enregistré à l'auditorium Paganini de Parme. Otello le fait
rêver mais il préfère encore attendre deux ou trois ans avant de s'y
produire: «“Dio mi potevi”, son air de la folie meurtrière est si hautement
bouleversant qu'on peut perdre contrôle et y sombrer», dit-il. Une
émotion renouvelée chaque soir
Il confie dans cet aveu ce qui, outre
sa voix de miel sombre dont il a découvert les possibilités au fil des ans,
est l'autre clé de son extraordinaire succès: Jonas Kaufmann chante dans
l'émotion du personnage, renouvelée, variée même soir après soir. Il connaît
chacune des langues (allemand, italien et français) dans lesquelles il
chante et comprend exactement ce qui se joue dans les paroles et les rôles
qu'il interprète. Il ne se répète pas, il vit son texte et s'y laisse
prendre: qu'il s'agisse d'un simple lead accompagné par Helmut Deutsch au
piano ou d'un grand rôle, quitte à se retrouver exsangue après trois heures
de plaintes et de lamentations. Il se permet de varier largement, vivant
dans l'instant, laissant s'y épanouir sa voix, conscient qu'un piano peut
produire plus d'impact qu'un forte. Son CD Verdi porte d'un bout à l'autre
cette souplesse et cette intelligence. On s'y enivre.
Audios: Otello, Aida, Il trovatore
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