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Forum Opera, 08/26/13
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par Hélène Mante |
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Pas loin du top
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Daniel
Barenboim, même s’il a dirigé régulièrement le Requiem de Verdi, n’avait,
sauf erreur, légué à la discographie qu’une seule version, en 1993, chez
Teldec, avec le Chicago Symphony Orchestra, Placido Domingo, Ferruccio
Furlanetto, Waltraud Meier et Alessandra Marc. Vingt ans après, il revient
avec ses forces milanaises et une distribution qui est sans doute ce que
l’on fait de mieux sur le circuit d’aujourd’hui, dans un enregistrement live
disponible en CD et en DVD.
Le chef propose une lecture très
impressionnante et, pour tout dire, intimidante, de cette messe. Rarement la
mort a-t-elle été aussi présente sur l’ensemble de la partition ; les tempi
sont justes, l’architecture d’ensemble lumineuse, les contrastes frappants
(Liber scriptus), la partition détaillée d’une manière quasi chirurgicale.
Tout du long, l’auditeur est saisi par une démarche réfléchie, nette, il est
vraie rodée sur les scènes puisque le quatuor a donné quelques concerts en
Europe…
L’orchestre de la Scala sonne admirablement (le basson dans
Quid sum miser, les cuivres, la violence des Dies irae) et cet
enregistrement vient à point nommé après tout le travail conduit depuis de
longues années par le chef dans la capitale lombarde. Cette période touche à
sa fin puisque, avec le départ de Stéphane Lissner et l’arrivée d’Alexander
Pereira, un nouveau directeur musical, italien (Gatti ? Chailly ?) devrait
être nommé. Le chœur chante à domicile et cela se sent (« Tuba mirum ! »).
Les artistes milanais ont cela dans la peau et sont sans grands rivaux dans
ce répertoire aujourd’hui.
Du côté des solistes, le quatuor est
remarquable de cohésion. Les quatre stars chantent ensemble et cela mérite
d’être souligné tant on a entendu des Requiem réduits à l’enchaînement de
numéros de cirque. Il est dominé, évidemment a-t-on envie de dire,
par Jonas Kaufmann en grande forme. Force, virilité, nuances, articulation,
souplesse, charme, il a tout et, dans son jeu subtil reposant sur son timbre
cuivré, les piani légèrement détimbrés et une autorité indéniable, il est
poignant ; son Ingemisco est une démonstration de maîtrise technique et de
musicalité. Chapeau. Ses partenaires ne sont malheureusement pas
exactement au même niveau. Elina Garanča chante merveilleusement bien, seule
comme dans les ensembles, mais son timbre clair et ses aigus faciles
contrastent trop peu avec Anja Harteros (voir en particulier le Recordare
des deux femmes... et le Liber scriptus de la Lettone, très sopranisant !).
La soprano allemande, artiste superlative par ailleurs, constitue la vraie
déception de l’enregistrement. Peut-être en méforme, elle connaît de sérieux
problèmes d’intonation qui culminent dans un Si bémol du Libera me
franchement bas. René Pape, lui non plus, n’est pas au mieux, même si
l’instrument est exceptionnel. La basse attaque souvent par en-dessous avec
des sons engorgés peu élégants, la voix bouge et manque de projection, en
particulier dans le Confutatis.
Le bilan d’ensemble reste excellent
et ce disque évènement vient se placer très haut dans la discographie
abondante de la messe verdienne. On ne peut toutefois s’empêcher de songer
avec regret au chef-d’oeuvre qui aurait pu être offert avec les quatre
solistes au mieux de leur forme.
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