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Le Parisien, 19 octobre 2017 |
Séverine Garnier |
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Jonas Kaufmann, le meilleur ténor du monde, en direct chez vous
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Chanteur lyrique superstar, Jonas Kaufmann est ce jeudi soir sur Arte et à
l'affiche des cinémas UGC, qui diffusent «Don Carlos» depuis l'Opéra de
Paris. Une occasion en or de le découvrir.
Dans les couloirs de
l'Opéra Bastille, lundi dernier, les fans attendent avec fébrilité. La
superstar de l'opéra, le ténor Jonas Kaufmann, tient le rôle-titre de «Don
Carlos» de Verdi. Ils ont réservé six mois à l'avance pour entendre en
direct celui qu'ils appellent affectueusement «Jonas», en faisant attention
à le prononcer «Yonas», à l'allemande.
Pour toutes les maisons
d'opéra de la planète, Jonas Kaufmann est le plus grand ténor du moment. A
48 ans, il est capable de remplir une salle sur son nom, phénomène que l'on
n'avait pas constaté depuis les ténors Roberto Alagna, de six ans son aîné,
et Placido Domingo, dont Kaufmann est le digne héritier.
Pourquoi
tant de succès ? «C'est paraît-il une combinaison particulière, nous
explique avec simplicité la superstar lors d'une des interviews minutées
qu'il accorde avec parcimonie : la voix, la technique, le physique et le jeu
d'acteur.»
Les maisons d'opéra se l'arrachent
«Jonas Kaufmann
peut tout chanter, commente un spécialiste du lyrique, aussi bien du Wagner
comme Lohengrin qu'un opéra intimiste comme Werther de Massenet. Il chante
toutes les langues sans accent. Sa voix a la chaleur du baryton et les aigus
du ténor. Il est tout-terrain et haut de gamme... c'est un 4 x 4 fabriqué
par Bentley (rires)... avec des allures de Ferrari car il est aussi très
beau !»
Pour s'offrir Jonas Kaufmann, les maisons d'opéra déboursent
autour d'une centaine de milliers d'euros pour un récital ou pour ses sept
représentations à Bastille. Et s'y prennent cinq ans à l'avance.
L'Opéra de Paris programme régulièrement Jonas Kaufmann dans des productions
qui poussent le chanteur à se dépasser, comme ce «Don Carlos» de Verdi, dont
il tient le rôle-titre. Un amoureux du français
A l'affiche depuis
le 10 octobre, la production diffusée ce soir sur Arte et dans les cinémas
UGC (lire ci-dessous) est un Everest lyrique : plus de quatre heures de
grand spectacle signé Verdi. «Don Carlos est le rôle le plus difficile de
mon répertoire, a confié Jonas Kaufmann au lendemain de la première. Le
prince Don Carlos est souvent sur scène, mais n'a pas de grand air... alors
que les autres personnages ont tous des tubes à chanter !»
Dans la
scène d'ouverture de l'opéra, le ténor doit tout de même sortir quatre notes
hyper aiguës tout en ayant l'air de chanter une mélodie ! Dans ces numéros
d'équilibriste, le Bavarois révèle tout son génie. «Don Carlos» est «un
personnage fragile, brisé par une passion contrariée... un psy aurait
beaucoup à faire, commente- t-il dans un bel éclat de rire, mais c'est
beaucoup plus intéressant que de jouer les hommes forts et victorieux.»
Autre défi : l'Opéra de Paris a choisi de présenter la version originale
de l'opéra de Verdi, en français. Habitué à chanter ce rôle en italien,
Jonas Kaufmann a dû apprendre le texte français sur des mélodies déjà
mémorisées, du fil à retordre pour ce travailleur acharné. Mais il aime le
français, qu'il parle très bien.
Après ses Disques d'or consacrés au
répertoire allemand et italien, il a dédié à notre langue son dernier
enregistrement : «l'Opéra » (Sony) met à l'honneur Massenet, Berlioz, Bizet
ou encore Offenbach. «Le répertoire français a toujours été là dans ma
carrière... avec de grands moments comme le Werther à l'Opéra de Paris en
2010, ou encore Carmen à l'été 2016 aux Chorégies d'Orange. Le style
français, c'est la délicatesse et la noblesse.» Un Allemand vraiment très
francophile...
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