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Pour moi, il était primordial d'enregistrer La Belle Meunière maintenant,
avec une certaine jeunesse vocale et mentale. Dans quinze ans, je ne
comprendrai peut-être pas entièrement les idées et la situation de ce jeune
homme qui suit la fantaisie de son premier amour. Quand j’étais au
Conservatoire, je chantais le lied de manière artificielle, avec une voix
complètement différente. Helmut Deutsch, qui était mon professeur et qui est
devenu mon pianiste,
m'a montré
d'autres voies et m'a incité à me laisser guider par les émotions, comme à
l'opéra, à rechercher un certain naturalisme. A la génération de mes
parents, deux camps s'opposaient, les partisans de Fischer-Dieskau d'un côté
et ceux de Hermann Prey de l'autre.
Dans ma famille, on était toujours pour Prey ! J'ai grandi avec ses disques
et ceux de Fritz Wunderlich. Pour moi les choses étaient claires...
Malheureusement, un seul lied de La Belle Meunière nous est parvenu dans la
version autographe, c'est une frustration complète car Schubert prenait
beaucoup de libertés avec les règles de contrepoint et d'harmonie de son
temps, libertés qui ont été corrigées par les éditions successives.
Mais c'est à nous, interprètes, de
les retrouver. »
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