|
|
|
|
|
L'interprète musicien, septembre 2010 |
Rémy Stricker |
|
Une présence idéale : Jonas Kaufmann
|
|
Une critique unanime a célébré depuis quatre ou cinq ans Jonas Kaufmann. Peu
de chanteurs méritent en effet à ce point d'être reconnus comme des « stars
internationales ». Il semble que je ne pourrais donc rien ajouter
aujourd'hui, après autant d'éloges justifiés, après la publication
d'entretiens avec le chanteur qui donnent de lui une image de grand
musicien, serein par surcroît face à tant de gloire médiatique [1].
Comble de paradoxe apparent, je ne l'ai jamais entendu en concert ni à
l'opéra, ne connaissant de lui que ses disques et DVD, plus certaines
représentations télévisées. Mais. D'une part je ne suis certainement pas le
seul à admirer ainsi un aussi grand artiste sans l'avoir entendu en réalité.
D'autre part, quels que soient les artifices de la technique actuelle,
affectant la prise de son ou de vue, un tel nombre de documents permet de
déceler par comparaison la présence idéale d'une voix et d'un
interprète ; par-delà des restitutions sonores ou visuelles parfois plus ou
moins naturelles. Cela constitue en soi un problème intéressant
l'interprète-auditeur ; instance de la chaîne interprétative inséparable des
travaux de notre séminaire [2]. J’y reviendrai donc bientôt.
Un
deuxième point – celui-là n'est guère évoqué par la critique officielle –
mérite réflexion : jusque vers 2006, le parcours professionnel de Jonas
Kaufmann était beaucoup plus obscur, dans les maisons d’opéra de langue
allemande. Il avait même enregistré alors quelques disques qui n'avaient
guère attiré l'attention sur lui, pas même la mienne lorsque je les avais
entendus, ce que je puis refaire à présent. Que penser, dès lors, d'une
éclosion aussi éblouissante ?
Entendre et voir
Commençons par le premier argument. Lorsque je me demandais encore
quelle justification donner à mon propos, je me suis remémoré mon expérience
de Maria Callas. J'ai passé alors, comme bien d’autres, quelques années à
écouter seulement ses enregistrements, avant de la voir et l'entendre en
concert et à l'opéra, dans ses dernières apparitions. Quelle qu'ait pu être
mon émotion à ces moments-là, je m'étais déjà fait, précisément, une image
sonore de ce que j'appelle la « présence idéale » d'une voix et d'un
interprète, par de nombreux enregistrements. Et si l'on peut à bon droit
penser que la technique de reproduction de l'époque était moins sophistiquée
qu'elle ne l'est devenue, elle n'évitait pas pour autant quelques
imperfections courantes à l'époque, par exemple des points de saturation.
Callas était nonobstant pour moi, pas moins que pour ceux qui l'avaient déjà
entendue en chair et en os, en présence dramatique et musicale sidérante,
une des plus étonnantes interprètes du siècle.
Bien que la
restitution sonore bénéficie aujourd’hui de certains progrès, le même
problème pourrait ressurgir, tant il est vrai que sévissent de nombreux
artifices de montage et de mixage, qui tendent à enjoliver – souvent pour le
pire pavé de bonnes intentions – la réalité du son. Le disque de Jonas
Kaufmann « Romantic arias » [3] est affecté d'un son surround, qui
noie exagérément l'orchestre et la voix dans une réverbération excessive.
Pour l'air de Mario dans Tosca "E lucevan le stelle", la clarinette
est aussi, voire plus présente que la voix.
Comme dans le reste du
disque, une direction d'orchestre assez neutre et guère soucieuse des
différents styles d'un récital où l'on trouve Berlioz comme Verdi, Bizet
comme Wagner, semble à sa place seulement pour Massenet. Contrairement à la
versatilité étonnante du chanteur. Mais ces nouvelles imperfections, si
elles blessent mon oreille, ne m'empêchent pas de comparer avec d'autres
disques (par exemple cet autre récital "Sehnsucht", dirigé par Claudio
Abbado)[4] , pour me faire une image sonore plus fidèle. Sans compter des
retransmissions télévisées en live (Tosca à Munich [5] ), moins
sujettes à manipulations multiples, en raison même du direct.
Un
autre exemple de prise de son concerne cette fois les deux seuls disques de
lieder avec piano. Dans ceux de Richard Strauss[6] (enregistrés en 2005),
l'équilibre entre voix et piano donne une impression bizarre : un piano au
premier plan, une voix clairementplus distanciée, comme si le chanteur se
trouvait paradoxalement derrière l'instrument et plus réverbéré que lui.
(ex. Heimliche Aufforderung)[7] En revanche, pour Die schöne
Müllerin de Schubert (enregistrée en 2009)[8], l'équilibre est plus
naturel. Mais, à quatre ans de distance, la voix elle-même ne semble plus la
même. (ex. Halt) [9] Pourquoi et comment ?
Une
longue maturité
On touche ici au deuxième argument de ma
réflexion : celui du brusque surgissement, il y a environ quatre ans, d'un
ténor peu remarqué jusque-là, bien qu'il ait passé la trentaine, avec
derrière lui de longues années de troupe en Allemagne et quelques disques
d'un répertoire peu connu. Tout cela n'ayant pas jusque-là suscité la
renommée dont il jouit aujourd'hui. Il suffit d'écouter un de ses disques
d'alors pour comprendre ce qui a changé. Par exemple Der Wampyr de
Marschner, enregistré en 1999 [10], où il tient le rôle d’Aubry [11] .
Par rapport à ce que l'on vient d'entendre, la voix a gagné en richesse
dans tous les registres, en particulier un aigu plus ouvert et plus rond et
une gamme de nuances beaucoup plus étendue. Il me semble qu'on a là
l'exemple d'une carrière commencée modestement et d'un travail poursuivi
avec intelligence. La chose n'est pas si fréquente aujourd'hui où de jeunes
chanteurs sont souvent jetés précocement dans l'arène. Cela rappelle plutôt
l’exemple célèbre, il y a déjà quelque temps de cela, de Kirsten Flagstad
accédant vers la quarantaine à la reconnaissance mondiale de grande
wagnérienne, après des années de répertoire varié à Oslo. On a vu par la
suite un autre exemple de reconnaissance tardive avec Montserrat Caballé.
D'ailleurs, Jonas Kaufmann s'en explique très clairement dans une interview
:
Est-ce qu'il y a encore une grande école du chant
allemand, aujourd'hui ? Est-ce qu'on enseigne à chanter aussi
bien, avec une diction aussi claire qu'autrefois ?
Non, comme
partout, ça se perd. C'est peut-être parce que c'est la mode de faire
carrière très rapidement, pour faire beaucoup d'argent très vite, mais
après... Quand j'ai commencé, mon premier contrat était à Sarrebruck, dans
la troupe, et j'ai chanté quatorze ou quinze rôles en deux ans, c'était
vraiment dur. J'ai appris ce que je peux me permettre, ce qui n'est pas bon
pour la voix et surtout à dire non. C'est vraiment très important. (…)
Là-bas, je chantais déjà des choses très différentes, comme Andres dans
Wozzeck, Don Ottavio, Nemorino, Caius dans Falstaff, un soir un rôle, le
soir suivant un autre, etc.[12]
On peut encore se faire une idée de
la métamorphose en écoutant un air de Fierrabras de Schubert [13]
dans la production de l'opéra de Zurich, en 2006. Je n'ai pas dit toute la
vérité en affirmant d'entrée de jeu que je n'avais jamais entendu le
chanteur en réalité : cela m'est effectivement arrivé lors des
représentations à Paris de ce spectacle, la même année. J'étais même chargé
d'en faire la critique et j'avais trouvé éminemment contestable tant la mise
en scène que la direction d'orchestre. Et d'une distribution assez moyenne
je n'avais vraiment pas distingué celui qui tenait alors le rôle-titre.
Lorsque Jonas Kaufman a enregistré deux ans plus tard ce même air de
Fierrabras, dans son disque « Sehnsucht » dirigée par Claudio Abbado [14],
une fois de plus tout a changé : subtilité des nuances, aigus clairs et
moins forcés, assise superbe du timbre dans une tonalité plus grave, aux
résonances de baryton.
Pareille transfiguration ferait presque penser
à la légende biblique de cet autre Jonas lequel resta trois jours dans les
flancs d'un poisson avant d'accomplir enfin la mission dont l'avait chargé
son Dieu. Plus sérieusement, la mutation est à la fois le résultat d'un
développement physique de la voix, d'une expérience longuement mûrie et sans
doute d'un beau travail [15] . Toujours est-il qu'il est pour l'heure le
ténor wagnérien que l'on n'a pas connu depuis très longtemps, aujourd'hui
Lohengrin, Walther ou Parsifal, demain sans doute Tristan ou Siegfried. Mais
aussi bien un interprète de Verdi ou de Puccini beaucoup plus sobre que les
ténors italiens ou latins. Naturellement chez lui dans l'opéra romantique
allemand (Beethoven, Weber) et inspiré tout autant par Don José ou Werther,
dans un style et un français aussi purs que son italien.
Que l'on
songe à Callas pour l'élan, la déclamation et le phrasé de l'opéra italien
ou français ; à Julia Varady pour une égale beauté vocale de Mozart, Verdi
ou Wagner ; je ne vois pas de chanteur aujourd'hui qui évoque une maîtrise
aussi surprenante dans sa diversité. Et vrai que, depuis Jon Vickers, on
n'avait plus entendu un ténor héroïque apportant sur la scène lyrique toutes
les subtilités de l'interprétation du lied ou de la mélodie.
Plus
qu'à un air d'opéra c'est à une mélodie française que fait penser Jonas
Kaufmann lorsqu'il chante « La fleur que tu m'avais jetée » dans
Carmen [16] ; à un lied allemand dans le « Chant de printemps
» de La Walkyrie [17] . Alors qu'en est-il de l'interprète des
lieder de Schubert et de Strauss ? C'est peut-être la seule ombre que je
vois au tableau. Les lieder de Strauss [18] appartiennent encore à la
période « prékaufmannesque » (2005). Même si l'interprétation est fine sans
maniérisme, la voix ne rayonne pas encore au point de faire oublier ici de
grands prédécesseurs – plus des sopranos, il est vrai, que des ténors.
Mais quand il enregistre en 2009 La belle meunière de Schubert
[19] , l’affaire est surtout de nature vocale et d'affinité avec le lied. La
première ne paraît pas dans son domaine ici. Le registre aigu éclate dès le
mi ou le fa, sauf pris en voix de tête ce qui n’est pas
toujours souhaitable, sinon d'un métal qui sent trop l'opéra. Le médium et
le grave, beaucoup plus aisés, ne donnent pourtant pas la sensation de
juvénilité voulue, plutôt celle d'un adulte un peu rude. Quant à l'affinité
stylistique avec le lied – compte tenu de ces réserves tout de même
importantes – on reconnaît bien là en revanche les qualités rares de Jonas
Kaufmann : articulation claire et juste, mise en valeur du mot sans
exagération ni afféterie, beaux moments dans la nuance piano ou
mezzo forte. Mais ces instants, si justes soient-ils, ne réconcilient
pourtant pas le meunier de Schubert avec son interprète. La raison vient
sans doute d’une voix trop ample pour le lied (c’était aussi le cas pour
Kirsten Flagstad), laquelle a besoin d’un vaste écrin orchestral pour se
déployer.
Pareille critique ne vaut évidemment qu'à l'heure présente,
au vu de son évolution on ne peut pas prévoir comment le chanteur
approfondira dans l'avenir cet univers du lied, ne lui convenant pas encore
aussi bien que le vaste champ lyrique qui est le sien. Domaine où la beauté
du timbre, l’élan et la pulsation du phrasé, la variété des nuances et des
couleurs s’allient à une rare sobriété de l’expression, qui n’en révèle que
mieux la profondeur.
Un acteur interprète
Vous avez déclaré à un journal : « Je n'aime pas mon image de "sexy
tenor". » – Oui, si un jugement sur mon travail se réduisait à
cette image, je ne l'accepterais pas, mais si quelqu'un dit comment je
chante et ajoute que je suis un « sexy tenor », je l'accepte [20].
Pour n'avoir parlé que du son de cette voix, je n'ai rien dit encore de
son image physique. Elle semble conforme aux critères du XXIe siècle, lequel
en a fait une sorte d'atout obligé. Vrai que Jonas Kaufmann est un bel homme
: silhouette élancée, aisance du mouvement, traits réguliers d'un visage
jamais déformé par l'effort, même lorsque la caméra le scrute en gros plan.
Contrairement à beaucoup de ses contemporains qui affichent une mimique d'un
pathétisme censé compenser extérieurement une expression intérieure des plus
conventionnelles, l'engagement émotionnel se montre chez lui, aussi
concentré que sobre. Ce que l'on va entendre se voit, avant même de se
dessiner en courbe sonore d'un galbe admirable. Chacune des captations vidéo
révèle cette immersion dans le sentiment exprimé.
Je joue mes
véritables sentiments lorsque je chante. Vous atteignez la joie, l’héroïsme,
la destruction… Et alors que vous offrez ça au public, vous regardez en
vous-même, vous voyez votre âme, et c’est quelque chose qui peut effrayer
parce que ça veut dire que toutes ces choses, toutes ces pensées, tout ces
sentiments sont en vous [21] .
Et il est tout aussi émouvant
d'observer le chanteur lorsqu'il écoute un de ses partenaires : en attente,
tous les sens en éveil, sa quasi immobilité, la sobriété de son attitude,
intensifient ainsi une réplique point toujours à la hauteur d'un duo inégal
[22].
Combien de soirées chantez-vous par an ? Soixante-dix ?
Non, cinquante-cinq, environ. Avec des amis chanteurs, nous avons décidé que
soixante serait le maximum et que si l'un de nous dépassait ce chiffre, les
autres lui feraient une remarque !
Alors, entre passion et raison,
n’est-on pas en droit de tout attendre d’un tel artiste ?
Sous l’effet du vérisme
Peu satisfait de pareille formule
conclusive. Et n'en trouvant point d'autre, quelque Cyrano invisible me
souffle que c'était un peu court... Je me figurais pourtant avoir décrit un
événement, un avènement. C’est alors que la parution récente du dernier
disque [23] de Jonas Kaufmann m'a convaincu que j'étais resté en chemin.
Comme si le choix de mots pour parler de mon émotion restait sous contrôle
de frontières raisonnables. C'est alors aussi que l'interprète m’a mené plus
loin que ce que j'imaginais pouvoir transcrire. Je n’avais pas prévu l'effet
de ces airs véristes, d'autant moins (encore un aveu) que je n'avais jamais
été très curieux de ce genre de musique. Hormis l'exception de Puccini ou
Boito, je m'étais souvent lassé assez vite d'un pathétisme, certes sincère,
mais qui me paraissait néanmoins envahir la scène au premier degré.
J’ai commencé l'écoute de ce disque d'abord porté par la seule beauté de la
voix, puis gagné peu à peu par la diversité d'un répertoire (plus vaste que
ce qu'attendrait un familier des célèbres Cavalleria rusticana ou
Pagliacci), recréé ici comme un nouveau monde de nuances et de
couleurs. Les perspectives inattendues qui se révélaient à chaque instant
ouvraient le paysage le plus vaste, sans doute jusqu'au sommet d'où l'on
pouvait tout embrasser : l'air d'Enzo « Ciel e mar » dans La
Gioconda de Ponchielli.
Là, j'aurais voulu tout noter, note à
note justement, de chaque phrase, de chaque détail qui modelait la phrase.
Or c'est un leurre. À supposer qu'on s'y attache, cela ne donne qu'une
description pas à pas, soit la plus ennuyeuse opération analytique qu'on
puisse lire. Sans compter que les mots, censés décrire le mouvement qui
gradue l'intensité ou varie le timbre, restent continuellement en retard –
il en faut tant ! – sur le temps réel de l'enchaînement/enchantement sonore.
Je devrais trouver un compromis entre analyse et synthèse, qui se condense à
la lecture en quelque chose se rapprochant d'un terme atteint de l'audition,
laissant vivant tout ce qui « s'est passé » jusque là.
Comment, dès
lors, faire vivre en traces écrites ces nuances et couleurs dont je n'ai
parlé jusqu'ici que comme deux sources d'énergie ? Me fiant aux suggestions
émotionnelles constantes du chemin sonore que j'avais parcouru, j'ai choisi
métaphore et analogie, telles qu'elles m'étaient survenues dans l'audition,
quitte à les synthétiser maintenant par écrit, hors du mouvement.
Le
plus immédiat paraît être le jeu sur les couleurs. Le terme étant lui-même
métaphorique, s'agissant de sonorité, permet d’approcher ces questions de
timbre si rebelles semble-t-il à toute verbalisation. Couleurs du métal,
souvent sensibles dans l'aigu ou la puissance : cuivre ou plomb, acier, or
ou argent. Celles plus proches du toucher, dans la sensualité plus intime
d'une soie, un velours, une fourrure. Celles du goût, du suave à l'âpre. Car
la voix du chanteur m’ouvre à chaque instant un tel imaginaire sensoriel.
Or le prisme de ces teintes est inséparable d'une palette immense de
nuances. (Est-ce un hasard si le mot convient autant aux intensités qu'aux
couleurs, visuelles autant que sonores ?) L'échelle est vaste qui part de
pianissimos, non seulement beaux en eux-mêmes, mais chargés de
tendresse, de stupeur ou de douleur aiguë, et va jusqu'à l'éclat terrible de
joie, de souffrance, de démence...
Mais c’est l'alliance entre nuance
et couleur qui nourrit sans cesse la dramaturgie de chaque période : musique
du mot mariée à musique du son. Très peu de chanteurs (sinon Maria Callas ou
Élisabeth Schwarzkopf) ont poussé aussi loin l'art de combiner à ce point
les deux paramètres, dans une synthèse aussi ambivalente, dans une
succession aussi contrastée et mouvante. Au point qu'on se permettait
parfois de marquer chez elles maniérisme ou théâtralité. Ce n'est guère
possible ici – pourtant on l'a fait et on le fera, nul doute – tant la
sincérité de Jonas Kaufmann suggère d'empathie, d'amour, de tendresse,
naturellement dans l’incarnation du personnage, mais autant dans l’adresse à
qui l'écoute.
Enfin, cette autre chose encore me frappe dans le
dialogue qu'il crée avec moi : une illusion qui transcende le masculin et le
féminin. Qui mêle et contraste le timbre viril d'un baryton et la lumière
féminine de la voix de tête. Instants plus ou moins fugaces ou tenaces,
éclairant ou assombrissant son timbre naturel de ténor.
Pourtant,
creuser la métaphore et l'analogie comme je le fais ne minimalise rien, tant
l'ensemble de ces sensations se cristallise dans une sorte de classicisme.
Entendu comme mesure du goût, c'est ainsi que le terme sonne juste et
rejette tout ce qui ressemblerait à un « effet » recherché, pour
transfigurer ainsi ce répertoire vériste si différent de ce que j'imaginais.
Je savais déjà que Jonas Kaufmann pouvait exclure toute emphase dans Wagner,
tout sentimentalisme chez Massenet, donner au Don José de Carmen,
au Mario de Tosca, une dimension humaine qui grandissait leur caractère
connu. Je lui dois à présent de ne plus savoir exactement ce qu'on dit
vériste : entre l'innocence presque enfantine de Federico dans
L'Arlésienne de Cilea et l'amour éperdu du Roméo de Zandonai, la
succession des airs, si intelligemment composée, répudie toute idée reçue .
Je comprends – parce que j'aime – une musique révélée par son
interprète.
[1]Tout ce qui concerne le chanteur, notamment les
fragments d’entretiens cités ici, est consultable sur le net : Jonas
Kaufmann, unofficial website. [2]Voir notre dossier « Présentation ».
[3]Disque Decca 475 9966, enregistré en 2007. On peut aussi entendre cet air
sur YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=25kmfGuY31I Mais, comme tous
les exemples de ce genre, la restitution sonore reste imparfaite par rapport
à l’enregistrement original et ne permet pas toujours d’apprécier les
nuances dont je parle ici. [4]Disque Decca 478 1964, enregistré en 2008.
[5]Le même air de Tosca à Munich en 2010, YouTube :
http://www.youtube.com/watch?v=ylZ66fByq1Q [6]Disque Harmonia mundi HMC
901879. [7]YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=_CfzAQSYiUo
[8]Disque Decca 478 1528. [9]YouTube :
http://www.youtube.com/watch?v=Y3BRsQ-uMmg [10]Disque Capriccio 60083.
[11]Air d’Aubry “Wie ein schöner Frühlingsmorgen” YouTube :
http://www.youtube.com/watch?v=oA0lsAFm3aY [12]Propos recueillis par
Jérôme Pesqué et Jérémie Leroy-Ringuet à Paris, le 10 mars 2006, pour le
site Opera Data Base. [13]Air de Fierrabras « Was quälst du mich, o
Mißgeschick! », YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=y96EdARLS2A
[14]Voir note 3. [15]Nombreux sont encore les chanteurs qui commencent
une carrière enviable, après un certain temps passé sur des scènes moins
prestigieuses ; peu d’entre eux, néanmoins, atteignent à une pareille
célébrité. [16]Voir note 2. [17]Voir note 3. [18]Voir note 5.
[19]Voir note 7. [20]Euronews, 28.1.2010. [21]ODB, mars 2006.
[22]Voir sur YouTube deux extraits des deuxième et troisième actes de Tosca
à Munich en 2010 : http://www.youtube.com/watch?v=Eq2SWHg68MU
http://www.youtube.com/watch?v=XRPXvUGgcEs [23]Verismos arias (Zandonai,
Giordano, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Boïto, Ponchielli, Licino Refice),
Decca, 478 2258.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|