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Figaroscope, 12/01/2010
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Thierry Hilleriteau |
Jonas Kaufmann, un soleil noir pour Werther
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OPERA - Son heure est venue. À 40 ans, le ténor allemand Jonas Kaufmann est
en pleine possession de ses moyens, et ceux-ci promettent de tout emporter
sur leur passage. Il y a d'abord son timbre : sombre, mâle, volcanique… Un
soleil noir monté comme une éclipse dans les cieux lyriques de ces dernières
années et à la lumière duquel ces voix chaudes venues du Sud - celles d'un
Villazon ou d'un Diego Florez - feraient presque pâle figure. Il y a sa
présence sur scène, ténue et pourtant captivante. Un art de la posture qui
justement n'en est pas un, réside en peu de chose, presque rien : un regard
ténébreux magnifié par son allure de jeune premier romantique - à moins que
ce ne soit l'inverse. Un ancrage au sol défiant la gravité et un
investissement physique inhérent constant.« En récital comme à l'opéra, la
voix ne doit pas juste sonner : elle doit traduire ou créer une atmosphère,
et cela ne peut passer que par un travail sur le corps : des mouvements
parfois infimes, presque imperceptibles pour le public, mais qui changent
tout en termes de couleur ou de climat », explique-t-il, tel un chercheur
nous ouvrant les portes de son laboratoire. Il y a enfin (surtout) sa
duplicité. Cette capacité à s'approprier tous types de rôles, de Mozart à
Bizet, et à naviguer entre les répertoires : du lied allemand au vérisme
italien. « Je ne crois pas à cette conception du chant qui consiste à
classifier les interprètes en fonction d'un style : romantique, germanique,
bel cantiste ou classique. La voix est une voiture qui a besoin de tous
types de routes pour s'épanouir. » Si Kaufmann aime la diversité, celle-ci
le lui rend bien. Paris acclama l'an passé son Fidelio, sa Munich natale
encensa cet été son premier Lohengrin, qualifié d'héroïque. De Beethoven à
Wagner : un fossé abyssal, qu'il franchit à nouveau en s'attaquant en ce
début d'année à Massenet. Son premier Werther . Gageons que ce ne sera pas
le dernier.
Récital reporté
Avec un maître ès Massenet tel que Michel Plasson à la baguette, et les
débuts à l'Opéra de Paris du metteur en scène Benoît Jacquot, cette nouvelle
production de Werther ne manque décidément pas d'attraits. Les fans
parisiens du ténor munichois, déjà échauffés par sa récente apparition à
Pleyel - dans le Requiem de Verdi dirigé par Barenboïm - s'y précipiteront,
d'autant que son récital du 23 mars au TCE vient d'être reporté au 14
octobre 2010. Le programme, lui, reste inchangé : le chanteur y interprétera
le cycle de Schubert Die Schöne Müllerin, juste paru outre-Rhin chez Decca. |
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