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Olyrix, 15/02/2018 |
Par Charles Arden |
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Wolf: Italienisches Liederbuch, Paris, 14. Februar 2018
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Diana Damrau et Jonas Kaufmann : le cadeau de Saint-Valentin à la
Philharmonie de Paris
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En cadeau de Saint-Valentin pour ce 14
février 2018, les deux grandes stars lyriques Diana Damrau et Jonas Kaufmann
recomposent à la Philharmonie de Paris un petit opéra en jouant avec
investissement des Lieder composés par Hugo Wolf. Une production Les Grandes
Voix qui emporte le public dans de grands émois.
Le programme a été
composé en piochant parmi les Italienisches Liederbuch (Livre de Lieder
italiens), composés par Hugo Wolf entre 1890 et 1896 sur des poèmes
populaires transalpins traduits et publiés par Paul Heyse en 1860.
L'agencement de ce récital a été choisi dans un ordre aléatoire en ce qui
concerne les numéros d'origine dans le Livre (enchaînant numéros 1, 4, 39,
3, etc.) car l'idée était de raconter une histoire, de composer un petit
opéra en assemblant des mélodies miniatures. Les deux artistes alternent
ainsi pour raconter une histoire d'amour avec ses passions, ses rejets, ses
haines, ses regrets, ses joies et ses peines. Le texte offre en effet des
déclarations d'amour dignes de la Saint-Valentin ("Dénombrant l'autre soir
la tribu des étoiles, [la lune] ne trouvait plus son compte : Deux des plus
belles, tu les aurais détournées - Ces deux yeux, là, qui m'éblouissent").
Mais il propose aussi des passages terribles : "Comme j'ai perdu mon temps à
t'aimer ! Si j'avais adoré Dieu pendant tout ce temps, J'aurais ma place au
paradis, Un saint à mes côtés. Parce que je t'ai aimé, joli visage, Je me
passe des lumières du paradis Parce que je t'ai aimée, jolie fleurette, Je
n'irai pas au paradis."
Les deux interprètes chantant chacun leur
tour, ils n'offrent pas de contre-chant mais ne se privent pas pour faire
des contre-champs ! Ils multiplient en effet les mimiques et grimaces tandis
que l'autre chante. En cela, Diana Damrau et Jonas Kaufmann se sont bien
trouvés. Taquins, ils s'encouragent mutuellement et réjouissent le public
par de véritables sketchs mélodramatiques, volte-face tempêteuses, brusques
sauts lors des accords puissants du pianiste complice, yeux levés au ciel,
regards froncés et boudeurs, pétillants et enfantins.
Lorsque le
texte fait chanter à Damrau "Bénis soit le vert et celui qui le porte",
Kaufmann sort de sa poche de pantalon un mouchoir vert (assorti au foulard
de la chanteuse), pour s'en pavaner en le remuant puis le rangeant dans sa
pochette de costume. Dans la seconde partie, il sortira un mouchoir rouge,
assorti au nouveau foulard de Madame, pour essuyer les larmes de celle-ci.
Vocalement, Jonas Kaufmann rassure complètement après le souci vocal qui
l'avait contraint d'annuler Les Contes d'Hoffmann et les stigmates qu'en
conservaient ses deux dernières prestations à l'Opéra de Paris (en Lohengrin
et Don Carlos). La voix guérie peut notamment s'appuyer -comme toujours- sur
une prononciation de l'allemand tout simplement parfaite, grâce à la
délicate articulation combinée aux voyelles aussi pures que les consonnes.
Glorieux sur la grâce qu'il vante, dolcissimo quelques mesures avant pour
louer le charme magique, puis de nouveau funambule sur un puissant filin de
voix ("Si je meurs, qu'on m'entoure de fleurs, Je ne souhaite aucun
tombeau"), le ténor triomphe, a cappella, sur la puissance du "Ach, des
Wahnsinn fasst mich an!" (Ah ! La folie s'empare de moi.)
La soprano
Diana Damrau triomphe quant à elle en toute fin de concert, sur "zehn" (son
dixième amour à Castiglione). S'appuyant sur le cœur de sa tessiture, un
medium assuré, elle monte vers des aigus d'abord très amples mais bientôt
francs et directs, ou bien elle descend vers un grave presque crépusculaire,
en partie détimbré.
Les deux interprètes sont accompagnés par Helmut
Deutsch, dont le jeu puissant fouette les accents des graves dans un nuage
de pédale avant qu'il ne chemine sur le clavier, toujours en laissant la
primauté aux voix.
L'écoute absolue du public est une preuve
supplémentaire de la qualité du récital (et de la renommée des artistes).
Seul se fait entendre le doux feulement des feuillets du programme tournés
par les spectateurs, la prosodie des chanteurs ayant rendu les sur-titres
inutiles.
Un bien beau cadeau de Saint-Valentin offert au public,
qui le rend aux artistes avec un tonnerre d'applaudissements, des fleurs,
des chocolats et en leur souhaitant bonne route : ce récital en est au
milieu d'une tournée dantesque qui parcourt les quatre coins de l'Europe
avec 12 concerts en 22 jours.
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