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Revue L'Opéra, 23 décembre 2018 |
Mariella Pandolfi |
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Verdi: Otello, Bayerische Staatsoper, ab 23. November 2018
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BAYERISCHE STAATSOPER- L'HÉROS EFFACÉ DU DEUXIÈME OTELLO DE JONAS KAUFMANN
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Jonas Kaufmann, Anja Harteros et Gerald Finley nous ont médusés à Munich
avec leur Otello retransmis en direct par la Staatsoper TV le 2 décembre
2018.
Pour raconter, la misère humaine, l’œuvre glisse au-delà du
temps chronologique et kaïrologique, et la temporalité s’élargit. On est
dans l’Αἰών, le temps indéfini de l’événement, bien au-delà, donc, du Maure
de Venise de Shakespeare (1604), bien au-delà de l’opéra lyrique de Boito et
Giuseppe Verdi (1887).
Otello n’a plus rien d’un héros, c’est la
victime de toutes les guerres gagnées et perdues ; la rhétorique du
vainqueur aux passions « nobles », quand bien même prisonnier de forces
homicides et suicidaires, disparaît pour laisser place à une réaction aiguë
au stress (stress disorder) post-traumatique, à la psychose qui submerge
soldats et civils, au désir pervers comme pulsion destructrice, à la
position fœtale d’Otello, dans la multiplication des lits semblables à des
lits de camp militaires, qui raconte la peur de vivre, l’explosion de la
pulsion de mort, gagnante bien au-delà de la rhétorique de l’héroïsme. On a
là une lecture du féminicide potentiel qui sommeille dans les replis de
toutes les fragilités viriles… Les rapports entre Desdémone, Othello,
Cassio, Iago, sont arrachés à l’historicité.
Dommage que Αἰών soit
parfois étouffé par un excès de détails inutiles au moyen desquels la
metteure en scène Amélie Niermeyer impose sa lecture.
D’excellents
acteurs, nos trois artistes, de chanteurs inoubliables. Et cet Othello, le
deuxi;me de Kaufmann après celui de Londres, nous a littéralement coupé le
souffle. Une nouvelle interprétation géniale ou la perte d’horizon habite la
dimension humaine contemporaine. Le repli psychotique traverse et efface le
héros …« Othello fu »...
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