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Forum Opera, 28 Octobre 2018 |
Par Christian Peter |
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Puccini: La Fanciulla del West, New York, Metropolitan Opera, 27. Oktober 2018
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La Fanciulla au Met : le retour du beau ténébreux
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C’est un véritable défilé de stars que
nous offre en ce début de saison le Metropolitan Opera au cours de ses
retransmissions dans les cinémas : après Anna Netrebko dans Aida, Roberto
Alagna et Elīna Garanča dans Samson et Dalila, c’est au tour de Jonas
Kaufmann, qui pour l’occasion revêt un costume de cow-boy dans La Fille du
Far-West de Puccini. Créée en 1991, la production de Giancarlo del Monaco a
eu par deux fois les honneurs du DVD, en 1992 avec la distribution d’origine
autour du Dick Johnson de Placido Domingo et en 2012 dans la foulée de la
première diffusion dans les salles obscures de l’ouvrage avec Marcello
Giordani face à la Minnie de Deborah Voigt.
« Quand le classique
fonctionne » titrait Alexandre Jamar dans son compte-rendu de la
représentation du 17 octobre, et il fonctionne en effet au point que l’on
croirait voir un bon vieux western des années 50 avec au premier acte un
saloon dans lequel aucun détail ne manque et au trois, une rue typique d’un
village de Californie au temps de la ruée vers l’or avec ses maisons en
bois, un chariot au premier plan et derrière une potence. Le deuxième acte,
moins spectaculaire, se déroule à l’intérieur de la cabane de Minnie dans la
montagne.
La direction d’acteurs plus cinématographique que théâtrale
est remarquable, notamment au un avec sa succession de courtes scènes à
plusieurs personnages à l’intérieur du saloon et au trois lorsque la foule
s’apprête à pendre Dick Johnson. La distribution est extrêmement soignée
jusque dans les plus petits rôles.
Željko Lučić compose un Jack Rance
ombrageux et inflexible, son timbre sombre qui confère à son personnage des
accents inquiétants, s’accommode parfaitement de ce type d’emploi comme l’a
déjà montré la saison dernière son Scarpia.
Eva-Maria Westbroek
retrouve avec bonheur le personnage de Minnie qu’elle avait déjà incarné à
l’Opéra d’Amsterdam en 2009 dans une production que le DVD a préservée.
Amincie, la cantatrice qui possède l’ampleur vocale que réclame le rôle, a
conservé la quasi-totalité de ses moyens, c’est à peine si l’aigu a perdu de
son moelleux. Elle parvient à exprimer avec conviction les sentiments
contradictoires de cette jeune fille qui s’éveille à l’amour dans une
interprétation de haute volée.
Enfin, de retour au Met après quatre
ans d’absence, Jonas Kaufmann s’est montré prudent en début de soirée mais
sa voix a rapidement gagné en assurance et en volume au cours de la
représentation jusqu’au dernier acte où son incarnation d’une grande
intensité dramatique lui a valu un triomphe mérité. Le ténor allemand trouve
en Dick Johnson un emploi qui convient pleinement à ses moyens vocaux,
scéniquement, il se montre tout à fait crédible dans ce personnage de beau
ténébreux torturé qui lui va comme un gant et convenons-en, il a fière
allure dans son beau costume de cow-boy.
Marco Armiliato dirige avec
fougue cette partition foisonnante dont il ne souligne pas suffisamment les
contrastes. A plusieurs reprises les chanteurs sont presque couverts par
l’orchestre mais le public new-yorkais semble avoir apprécié cette battue
efficace et démonstrative.
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