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Forum Opera, 19 Octobre 2018 |
Par Alexandre Jamar |
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Puccini: La Fanciulla del West, New York, Metropolitan Opera, ab 17. Oktober 2018
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Quand le classique fonctionne
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C’est quelque chose de symboliquement
touchant que d’assister à une représentation de La fanciulla del West au
Metropolitan Opera House, commanditaire et créateur de la partition en 1910.
Bien qu’il ne soit certainement pas l’ouvrage le plus connu de Puccini, cet
western lyrique s’est tout de même ménagé une place de choix au cœur de la
saison new-yorkaise. Il n’est donc pas surprenant de le voir servi par une
distribution de haut vol, qui conjugue des protagonistes stars à une belle
brochette de seconds rôles.
Avec une absence notoire d’airs (sauf
celui, très bref du ténor au 3e acte), la Fanciulla est un casse-tête à
distribuer, tant les interventions des différents personnages sont découpées
en de nombreuses exclamations, interjections ou dialogues, dans un feu
d’artifice vocal qui rappelle Falstaff ou le deuxième acte de La Bohème.
C’est donc à chacun des chanteurs de trouver le juste milieu entre style
récité et beau chant.
Question lyrisme, le baryton Oren Gradus se
sert de la complainte de Jake Wallace pour s’assurer un succès bien mérité.
Encore plus remarquable est la prestation pleine de style et de noblesse de
Michael Todd Simpson en Sonora, chez qui un timbre brillant répond à une
belle incarnation scénique. Carlo Bosi ne sacrifie pas au chant trop
aigrelet que le ténor bouffe de Nick requiert d’habitude. Ici aussi, la
prestation vocale est de haut rang, tout comme les débuts de James Creswell
en Ashby, très à l’aise musicalement et scéniquement.
Željko Lučić
donne à son Jack Rance des allures bienvenues de Scarpia, concentrant toute
la hargne du personnage dans son timbre noir et maussade. On craint quelques
fatigues dans le début de la prestation, mais un deuxième acte survolté
chasse tous les doutes possibles. Attendu depuis quatre ans (après tant
d’annulations et rebondissements dans son actualité new-yorkaise) Jonas
Kaufmann fait avec Dick Johnson son retour au Met. La voix semble ici aussi
sur la réserve par endroits, ne passant pas nécessairement l’orchestre
bouillonnant de Puccini. Mais cette économie ne rend que plus visible les
véritables éclats de lyrisme du rôle, et les soupirs de la déclaration
d’amour du premier acte fendraient le cœur au plus invétéré de ses
détracteurs. Eva-Marie Westbroek trouve avec Minnie un rôle à la taille de
ses moyens vocaux. Ne souffrant d’aucune faiblesse sur l’ensemble de sa
tessiture (quels graves !), elle incarne une jeune femme passionnée, dont la
présence scénique rayonne dans tout l’ouvrage.
La direction musicale
de Marco Armiliato dévoile un Orchestre du Metropolitan en grande forme. On
retrouve enfin le lyrisme qui nous faisait défaut dans Samson et Dalila,
sans pour autant perdre la souplesse si chère à l’orchestre de Puccini.
Gageons à l’inverse qu’un peu plus de réserve aurait été bienvenue pour
mieux faire passer les chanteurs, notamment dans le duo Dick/Minnie du
deuxième acte. La prestation tout à la fois virtuose et éloquente du chœur
d’homme du Metropolitan est également à saluer.
Avec le raté de la
veille dans Samson et Dalila, il y avait beaucoup à craindre de la mise en
scène de Giancarlo del Monaco. C’est finalement avec enthousiasme que l’on
accueille cette proposition, pourtant ultra-classique. Pas de transposition,
pas de lecture peu conventionnelle des personnages, pas d’originalité folle
dans les décors et les costumes, mais il faut reconnaître que cela
fonctionne. C’est principalement une direction d’acteur virtuose qui fait le
point fort du spectacle, avec un premier acte remarquable dans sa gestion du
rapport entre les solistes et le chœur.
Le spectacle est retransmis
en direct le samedi 27 octobre sur les écrans de cinéma Pathé un peu partout
dans le monde.
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