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Publik Art, Oct 24, 2017 |
Par Amaury Jacquet |
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Verdi: Don Carlos, Paris, Oktober 2017
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Un Don Carlos au plus près de sa blessure intime et emmené par des voix en or
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Le livret original Français qui
constitue la version en cinq actes présentée aujourd’hui, est tiré d’une
pièce du poète et dramaturge Allemand Friedrich von Schiller.
Dramaturgiquement complexe, l’opéra fait cohabiter des scènes intimistes et
des tableaux historiques, religieux, où se déploient des personnages aux
prises avec leur vérité intime et la raison d’état. Des personnages sous
haute tension
De cette interrogation sur le pouvoir et la figure du
père castratrice qui voit l’objet du désir reconnu que dans la perte ou la
castration, le metteur en scène Krzysztof Warlikowski avec le geste
formaliste qu’on lui connait, livre une vision shakespearienne de l’oeuvre,
dominée par l’ambivalence et la complexité psychologique des personnages
dont les affres intimes se fracassent contre le masque attaché au rang et au
sang.
En France en 1559, puis en Espagne neuf ans plus tard.
Élisabeth de Valois, fille d’Henri II de France, est promise à Don Carlos,
l’infant d’Espagne, pour réconcilier les deux pays en guerre. Celui-ci étant
venu clandestinement à Fontainebleau pour découvrir sa promise, les deux
jeunes gens se rencontrent dans la forêt et tombent immédiatement amoureux.
Mais la mort de l’épouse du roi Philippe II l’amène à changer ses
projets : il décide d’épouser lui-même Elisabeth.
Inconsolable, car
aimant toujours celle qui est devenue sa belle-mère, Carlos, neuf ans plus
tard, demande à son père, sous l’influence de son ami Rodrigue, marquis de
Posa, la permission de gouverner les provinces flamandes soulevées, pour
mettre un terme aux horreurs perpétrées par l’armée espagnole. Mais Philippe
II, jaloux de la passion qu’il pressent, sans en être certain, entre la
reine et son fils, refuse, et demande à Rodrigue, qui a sa confiance, de les
surveiller. La rancœur de la princesse Eboli, une suivante d’Élisabeth qui
aime Carlos en secret, et découvre que la reine l’a supplantée dans le cœur
du jeune prétendant, complique encore la situation…
Pour installer
cette galerie de portraits aux destins contrariés et/ou brisés entre complot
de l’Inquisition, entrevues secrètes et intrigues politiques, Warlikowski
crée avec la décoratrice Małgorzata Szczęśniak, un espace éclaté où les
décors, les lumières, la vidéo et les costumes convoquent des images
glaçantes ouvertes ou fermées, en projection totale avec ce drame intime,
son histoire de violence et son introspection.
Propices au découpage
temporel, séquentiel, et à la fragmentation d’un paysage mental aussi
tourmenté que traumatique, les scènes s’opèrent à partir du regard subjectif
de Don Carlos qui voit se remémorer l’épopée de cette tragédie familiale
hantée par ses enjeux, ses fantômes et ses illusions perdues.
Des
voix d’exception
Le tout emmené par des voix d’exception (la soprano
Sonya Yoncheva, la mezzo-soprano Elina Garanca, le ténor Jonas Kaufmann et
le baryton Ludovic Tézier, la basse Ildar Abdrazakov) qui exacerbent les
actes manqués, la passion dévastée, la peur ou la haine mortifère.
Où
chaque tessiture s’empare du drame, l’explore et le révèle sur la trame
musicale ardente, emportée, foisonnante du chef d’œuvre de Verdi dont
l’architecture se dévoile puissamment sous la direction de Philippe Jordan.
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