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Concert Classic |
François Lesueur |
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Wagner: Wesendonck Lieder, Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 19. Mai 2016
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Jonas Kaufmann, Daniele Gatti et l’Orchestre National de France au Théâtre des Champs-Elysées – Un concert habité
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Le concert proposé par Daniele Gatti et l’Orchestre National de France,
entre deux représentations du Tristan und Isolde qu’ils jouent actuellement
au TCE, présentait un double intérêt : son programme, puisé dans le
répertoire germanique du XIXème siècle, faisait écho à la production du
moment et bénéficiait de la présence du magnétique Jonas Kaufmann. Imprégné
des couleurs crépusculaires et de la tension délétère propres au drame
wagnérien, le National de France, tout à l’écoute de son chef, s’est d’abord
illustré dans le rare poème symphonique Orphée de Liszt, pièce brève, aux
accents célestes, exécutée avec un souci de transparence et de clarté en
parfaite osmose avec cette délicate partition.
Après l’annulation de
son concert Puccini prévu en octobre dernier, Jonas Kaufmann retrouvait la
salle de l'avenue Montaigne pour y interpréter les Wesendonck Lieder de
Wagner qu’il n’avait pas encore abordés en France. Prudent face à une
tessiture plus basse que de coutume et donc plus risquée, chose perceptible
surtout dans le Der Engel introductif, le ténor a - comme au disque avec
Donald Runnicles (Decca) - livré une performance vocale d’exception. Sans
jamais forcer, ni surjouer, Kaufmann, comme isolé dans son monde intérieur,
n’oublie jamais de sculpter la phrase déroulée sur le souffle, de nuancer et
de relever tout ce que les mots de Mathilde Wesendonck peuvent avoir de
signifiants pour l’oreille et l’esprit. Sa manière de capter l’attention
(Stehe still), de dialoguer avec le public en affranchissant les distances
(Schmerzen) est unique, d’autant que la patine de son timbre, la beauté de
ses aigus piani (Im Treibhaus) et le soin apporté à l’articulation, sont là
pour accentuer sa recherche d’expressivité.
Ces évocations
tristanesques passées, Gatti et son orchestre ont brillamment exécuté la
7èmeSymphonie de Bruckner. L’œuvre, puissamment charpentée, évoluant sans
cesse entre le doute et la sérénité, a culminé dans un somptueux Adagio où
cohabitaient l’inquiétude la plus aiguë et l’émotion la plus palpable.
Veillant sur ses instrumentistes, dont on a pu admirer la précision, avec la
vigilance nécessaire, le maestro italien ne s’est laissé submerger ni par
les débordements éruptifs qui émaillent chaque section, ni par le ton
empreint de mystère et de religiosité qui caractérisent la musique de
Bruckner. Un concert proprement habité.
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