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La Croix, 31 juillet 2012
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Emmanuelle Giuliani |
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Strauss: Ariadne auf Naxos, Salzburger Festspiele, 29. Juli 2012
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ARIANE, RETOUR AUX SOURCES
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Quel spectacle ! De ceux qui vous arrachent au réel pour vous emmener loin,
très loin...En reprenant la version originale d'Ariane à Naxos, de Richard
Strauss, sur un livret de Hugo von Hoffmansthal, créée en 1912 à Stuttgart,
le festival de Salzbourg offre aux spectateurs une pièce que beaucoup
ignoraient. Cette première "mouture" fait précéder l'opéra de deux actes
parlés, adaptés du Bourgeois gentilhomme de Molière, soutenus par quelques
plages orchestrales. Ils furent ensuite remplacés par un prologue chanté,
donné désormais dans tous les théâtres du monde. Le metteur en scène
Sven-Eric Bechtolf a inscrit en outre la présence d'Hofmannsthal lui-même et
de sa très chère amie Ottonie von Degenfeld-Schonburg. Voici donc du théâtre
dans le théâtre, parfaitement maîtrisé. Après la pièce servie par des
comédiens vibrants formidablement dirigés, l'opéra scintille sous la
baguettte fabuleuse de Daniel Harding : grâce, sensualité, humour, passion,
tout y est, magnifié par les sonorités chatoyantes des Wiener
Philharmoniker. Sur scène, l'éternel féminin prend tour à tour le visage
mutin de la Zerbinette virtuosissime d'Elena Mosuc et celui, noble et
pathétique, de l'Ariane blessée d'Emily Magee. Très attendu, Jonas
Kaufmann incarne un Bacchus ardent et juvénile qui, exploit mythologique
s'il en est, allie la volupté du dieu des libations à la radieuse poésie
d'Apollon.
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