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Sortir, 10 février 2010
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Par Michel Finck |
Massenet: Werther, Paris, 4 février 2010
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Werther de Massenet à l'Opéra Bastille, le 4 février.
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Encore enrhumé lors de la retransmission télévisée nous espérons Jonas
Kaufman remis. Après une ouverture parfaitement interprétée par l'orchestre
fort bien dirigé par Michel Plasson la scène découvre un décor dépouillé
avec un grand portail ouvert qui laisse entrer notre ténor, superbe comme à
son habitude, très timide et contemplatif des lieux comme le veut la
partition.
Vingt minutes d'ovations
Benoit Jacquot qui met en scène dirige dès le début et tout au long du
spectacle les acteurs de façon remarquable et sait leur donner les gestes
justes ce qui est rarement le cas à l'opéra. Les lumières magnifiques
viennent combler de façon extraordinaire le dépouillement du décor et au
troisième acte font ressembler la scène à un tableau de maître hollandais.
Et puis Kaufman chante et c'est l'éblouissement : la voix au timbre placé
très bas est puissante et les aigus sont là sans peine perceptible. De
surcroît c'est dans un français parfait sans accent et tout à fait
compréhensible que s'exprime notre ténor et tout au long de l'ouvrage son
jeu restera d'une grande justesse sans excès pour ce romantique qui souffre
à en mourir mais ne gesticule pas dans tous les sens comme on a pu le voir.
L'autre grande de la soirée c'est Sophie Koch et sa très grande et belle
voix. Elle possède une tessiture très étendue lui permettant de donner les
graves de la partition sans poitriner et les aigus assassins du rôle sans
crier ; nous sommes ravis de pouvoir suivre depuis quelques années les
immenses progrès de cette très jeune femme et en plus elle aussi joue très
juste.
C'est Ludovic Tézier qui chante le mari jaloux avec sa toujours somptueuse
voix de baryton qui s'étoffe et nous laisse espérer Rigoletto pour
bientôt...
Excellente Anne-Catherine Gillet en Sophie : timbre cristallin nécessité par
l'ouvrage mais qui nous montre qu'elle sait donner des aigus en force sans
crier et des demi-teintes délicieuses.
Toujours aussi bon Alain Vernhes avec sa belle et grande voix qui semble
défier le temps. Les deux autres chanteurs s'en sortent également très bien
dans des rôles difficiles à interpréter mais seul petit reproche, on demande
à Schmidt d'en faire un peu trop, le transformant en véritable poivrot. Les
enfants chantent à merveille et jouent ; avec de petits mouvements très
simples Jacquot arrive à les faire paraître tout à fait naturels.
Que d'émotion tout au long de la soirée!
Vous aurez compris que la soirée est un triomphe et que notre tristesse au
troisième acte était due surtout au fait que la représentation allait se
terminer.
C'est la dernière représentation de la série et les bravos aux artistes et
au chef d'orchestre vont durer 20 minutes, je pense que les artistes auront
compris qu'on les aimait !
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