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Resmusica, 19/10/2010
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Alexandra Diaconu |
Schubert: Die schöne Müllerin, Paris, TCE, 14. Oktober
2010
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Schubert en a rêvé, Kaufmann l’a fait
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Avec un récital de lieder au Théâtre des Champs Elysées donné à guichets
fermés en ce début d’année, Jonas Kaufmann n’a plus rien à prouver à Paris.
Peut-être en doute-t-il mais le ténor allemand n’a besoin de rien d’autre
qu’être lui-même pour gagner le cœur de la capitale.
Venu
présenter « La belle meunière » dans le cadre des « Grandes Voix », Jonas
Kaufmann fait l’unanimité parmi les spécialistes, les fans d’opéras et même
le grand public qui l’a découvert en direct de la Scala dans Carmen, en
décembre dernier sur Arte. Sans doute parce que sa version est aussi
raffinée et complexe qu’accessible.
Son arme fatale n’est pas
sa plastique physique – bien trop documentée par les médias – ni même
l’élasticité exceptionnelle de sa voix, profonde et homogène dans tous les
registres. C’est son pouvoir expressif. Son flair qui sait faire monter la
tension dramatique.
Ces lieder lui donnent d’autres challenges
aussi. L’intimité d’abord – qu’il n’a pas osé exploiter entièrement avec le
public – puis le détail qu’il pousse plus loin qu’au disque et enfin le
pittoresque. Dans ce domaine, il est unique. A la manière d’un peintre, il
hiérarchise, superpose, jongle avec les plans grâce à des nuances infimes et
des modulations exquises du timbre. Cette magie-là, cette « perspective
aérienne », le disque ne peut malheureusement nous en parler.
Avec cette force que donne à l’acteur le savoir-faire, la capacité de passer
du drame à la légèreté sans laisser de traces, Jonas Kaufmann chante avant
tout pour exprimer quelque chose. C’est ce qui en fait un vrai poète. Le
comparer à Brel est au-delà du raisonnable et pourtant... le timbre
fantomatique des Fleurs séchées et l’articulation explosive du Chasseur ont
trouvé leur force dans la proximité avec la voix parlée.
Jonas
Kaufmann secoue, emporte, fait vibrer – que Schubert aurait aimé toucher par
l’opéra. Oui, en l’écoutant on se sent vivre et le public est là pour ça. Il
semble que ce dernier ait pris plus de plaisir à ce concert que le chanteur
lui même, même accompagné du discret mais intuitif Helmut Deutsch qui ourdit
si bien les atmosphères. Mais qu’importe, c’est une générosité qu’on n’est
pas prêt d’oublier. |
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