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ConcertoNet |
Claudio Poloni |
Fidelio de Beethoven. Lucerne, Konzertsaal, le 15 août.
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Un Fidelio pétri d’humanité
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Un murmure, au départ quasiment imperceptible, qui se transforme en cri
lancinant, à donner des frissons, dans un crescendo époustouflant. L’entrée
en scène de Jonas Kaufmann dans le Fidelio d’ouverture du Festival de
Lucerne 2010 restera longtemps gravée dans les esprits. Le ténor allemand a
ébloui le public non seulement par sa technique, mais aussi par son chant
raffiné et son sens des nuances. Visiblement très à l’aise, il n’a pas
semblé souffrir de son été plutôt chargé, entre Munich, Bayreuth, Lucerne et
Salzbourg. La Léonore vaillante et voluptueuse de Nina Stemme est
apparue, quant à elle, légèrement en retrait, avec notamment un manque de
souplesse dans son grand air, mais il faut dire que la voix est habituée aux
emplois les plus lourds du répertoire wagnérien et straussien. Les seconds
rôles ont frôlé l’idéal, avec notamment le Rocco expressif et humain de
Christof Fischesser, le Pizarro aux accents terribles mais loin de la
caricature de Falk Struckmann et la délicate Marzelline de Rachel Harnisch.
Claudio Abbado tenait là une distribution de tout premier ordre, après une
première approche de l’unique opéra de Beethoven à Baden-Baden en 2008,
plombée par des interprètes pas toujours adéquats. Les nombreux micros
disséminés dans la salle laissent espérer une captation live.
Car il faut avoir entendu le chef italien demander aux musiciens de jouer
pianissimo lorsque les voix du chœur des prisonniers (excellent au
demeurant!) ne font que susurrer, les enjoindre à arrondir le son, qui
devient alors plein et somptueux, lorsque les accents se font plus
déchirants. La richesse de la partition apparaît ainsi dans tout son éclat,
avec ses contrastes et ses élans. La lecture d’Abbado privilégie l’émotion
intérieure et le recueillement, faisant de Fidelio un ouvrage pétri
d’humanité plutôt que d’héroïsme. On tient là une version de référence.
Annoncé au départ en version de concert, ce Fidelio a finalement été
représenté sous forme semi-scénique, mais sans aucune valeur ajoutée, si ce
n’est que les pupitres et les partitions des chanteurs étaient habilement
cachés par des uniformes militaires faisant office de décor.
Claudio Abbado remontera sur le pupitre de Lucerne les 20 et 21 août, cette
fois pour la 9e Symphonie de Mahler, poursuivant un cycle entamé il y a
plusieurs années. |
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