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Paysud mag, 20 Mars 2009 |
Jean-Claude Meymerit |
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Jonas Kaufmann, l'unique!
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C'est le ténor qui monte. Tout
en apportant de nouveaux plaisirs aux amateurs de belles voix et sans
chercher à imiter ses prédécesseurs ou ses contemporains. Jonas Kaufmann
réussit tout en étant lui-même |
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Pas de comparaison conventionnelle et facile :
"C'est un nouvel untel !"
"Il a les aigus d’untel !"
"Il a la diction d’untel !"
Non, il est lui Jonas Kaufmann. Un ténor qui ne ressemble qu'à lui-même et
qui ne veut être que lui-même.
Des preuves ? Il les a données le 17 mars dernier au Théâtre des Champs
Elysées à Paris en offrant un exemplaire récital dans un concert un peu
académique.
Pas de cabotinage ni de show chez ce Munichois . Il nous a offert du chant
et quelle leçon de chant, même si par moments, on se sent frustré dans le
répertoire italien par un certain empâtement dans le phrasé. Mais en
revanche dans le répertoire français on est suspendu à ses nuances musicales
et à sa diction jusqu'au dernier étage du théâtre. On l'écoute
religieusement. Du plus beau pianissimo au plus percutant aigu, toutes les
notes, tous les mots, toutes les émotions donnent à ses personnages les
reliefs indispensables. Jonas Kaufmann, on le reconnaît entre tous par cette
voix si particulière composée de veloutés "barytonnants", de phrasés
légèrement engorgés et des "pianissimis" dans lesquels on arriverait presque
à donner un sens à chaque lettre et à chaque note. Il ne faut pas oublier
ses puissants aigus très bien maîtrisés et qui lui sont si personnels. Ce
sont toutes ces qualités qui le rendent unique.
De plus, il faut y ajouter son charme scénique si typique et si attachant.
En effet, par son physique de beau ténébreux romantique, il est unique. Il
éclaire la scène. Son sourire est aussi craquant que sa voix. Quel charisme
et quelle tenue! Quel exemple pour tous ceux qui pensent que chanter est
synonyme de pantomime!
Dans Wagner: le frisson...
Ce soir-là Puccini, Verdi, Bizet, Massenet, Wagner sont à l'honneur. C'est
surtout avec ce dernier compositeur que le frisson passe et vous coupe la
respiration. Il est Lohengrin, c'est son rôle. Rien qu'avec un air, on
imagine tout l'ouvrage avec la même fascination pour ce personnage. Heureux
sont ceux qui vont pouvoir l'entendre dans cette prise de rôle cet été à
Munich.
Malheureusement, cette soirée de rêve a été ternie avec l'accompagnement
guignolesque de l'Orchestre national de Belgique et de son Chef. Des
morceaux orchestraux super connus devenus pénibles à écouter, ennuyeux sans
saveur, secs, sans âme. Qui a eu cette l'idée de choisir cet orchestre et ce
chef pour être à côté d'un tel chanteur ? Un chef qui croit que parce qu'on
est jeune il faut absolument sauter avec des gestes encombrants. De plus, je
pense qu'il n'a pas compris que ce n'est pas parce que le chanteur projette
des notes élevées qu'il faut pousser l'orchestre avec des à-coups sonores
déplacés. Jonas Kaufmann méritait bien mieux.
La soirée s'est achevée avec une ovation des plus passionnées à l'égard du
ténor . Spectateurs debout avec des bravos tombant des étages comme des
bouquets de fleurs. Voilà ce genre de soirée pour laquelle on a tendance à
dire autour de soi, j'y étais ! |
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