|
|
|
|
|
ClassiqueInfo.com, 11 novembre
2008 |
Karine Boulanger |
Récital, Palais Garnier, Paris, le 09/11/2008
|
Jonas Kaufmann en récital à l’Opéra Garnier
|
Quelques semaines avant la
première de Fidelio dans lequel Jonas Kaufmann interprètera le rôle de
Florestan, le chanteur était à l’affiche d’un récital composé d’un très beau
programme de mélodies de Liszt, Britten et Strauss. |
|
Il y avait sans doute quelque risque à oser
commencer la soirée par les Trois sonnets de Pétrarque de Liszt, à
l’écriture vocale si tendue. Ces pièces aux climats contrastés alternant
élégie, tendresse et passion réclament à la fois de l’éclat, une capacité à
mettre en valeur les changements brusques d’atmosphère, mais aussi une
savante messa di voce. D’emblée, Jonas Kaufmann impressionne par des moyens
vocaux solides, presque insolents, une voix vaillante un peu sombre, de
robustes aigus, la volonté très nette d’oser les nuances et un tempérament
évident. Pourtant malgré la démonstration de chant, l’interprète semble
légèrement extérieur à ces mélodies, privilégiant une expression un peu
outrée, trop opératique peut-être.
Les Sonnets de Michel-Ange, composés en 1940 par Benjamin Britten
conviennent en revanche bien mieux sans doute à la sensibilité du chanteur
qui offre à l’auditoire une superbe palette de nuances. Il est possible de
préférer dans ce cycle créé par Peter Pears une voix plus claire, mais Jonas
Kaufmann se hisse au niveau des plus grands interprètes en disciplinant et
en allégeant sa voix, sans jamais courir le risque de détimbrer le son, en
s’imposant un jeu de piani remarquables culminant avec un Vegio co’ bei
vostri occhi un dolce lume extraordinaire de douceur et de raffinement,
comme en apesanteur.
La seconde partie était consacrée à Richard Strauss, un répertoire dans
lequel le chanteur paraît plus à son aise, n’hésitant pas à jouer et à
renforcer du visage et du geste certaines paroles, sans jamais surjouer. Des
cinq Lieder du cycle Schlichte Weisen on retiendra un tendre All mein’
Gedanke, mein Herz und mein Sinn, un délicat Du meines Herzens Krönelein et
un ironique et désinvolte Ach weh mir unglückhaften Mann. Suivaient quatre
Lieder parmi lesquels un très beau Freundliche Vision dont on admire la
délicatesse du phrasé et la longueur de souffle, et un tendre et ardent Ich
liebe dich. Le programme se concluait par les quatre Lieder de l’opus 27
avec un âpre et douloureux Ruhe meine Seele et un Morgen poignant de
nostalgie, de douleur passée et d’espoir.
Une magnifique soirée offerte par un artiste aussi à l’aise dans le
répertoire lyrique que dans l’art plus délicat du Liederabend et
remarquablement épaulé par le talent d’accompagnateur d’Helmut Deutsch. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|