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ResMusica,18/12/2008 |
Virginie Palu |
Beethoven: Fidelio, Paris, Palais Garnier,
novembre/décembre 2008
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La lumière sans la flamme
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Voilà
un opéra auquel on ne donnera pas son âge ! Qui croirait que Fidelio remonte
à une époque déjà vieille de deux siècles, lors même que ni son argument ni
sa musique n’ont perdu la moindre étincelle de leur brûlante actualité ? À
ce défi dramatique d’une si rare qualité, le public était en droit
d’attendre une réponse scénique mariant l’exigence à la finesse, la
pertinence à l’originalité.
Du plateau du premier acte, on ne dira aucun mal, sinon que la richesse
esthétique y semble délibérément sacrifiée à l’efficacité théâtrale. En
revanche, dans le second tableau, l’efficacité, très supérieur s’accompagne
d’une plus grande recherche, l’espace particulier ouvert par le grand
escalier descendant des combles autorise un ensemble raffiné de jeux de
lumière.
La distribution, très correcte, a répondu de façon satisfaisante aux
difficultés multiples de la grande partition beethovénienne, à la seule
exception d’Angela Denoke (Fidelio/Léonore) dont la prestation a provoqué
une déception totalement inattendue. Déception d’autant plus cruelle que
cette artiste délicieusement androgyne campe à merveille la silhouette de
l’héroïne travestie. Mais c’est la voix qui ne suivait pas, signe probable
d’une bien petite forme dont on doit espérer qu’elle relevait de l’accident
; constamment trop basse, faisant passer en force toutes les vocalises,
l’interprète ne s’est pas montrée, ce soir-là, digne du prestigieux
rôle-titre qui lui était assigné.
Jonas Kauffman s’est montré en revanche particulièrement convaincant en
Florestan, du fait de sa magnifique présence scénique autant que de son
admirable ligne vocale. Tout aussi convaincant, voire parfait dans sa
partie, Franz Josef Selig, a dressé le portrait d’un Rocco, d’une justesse
exemplaire, en dépit de quelques initiatives frôlant l’excès. Restent à
saluer la solidité d’Alan Held dans le rôle de Don Pizarro, la convaincante
humanité de Paul Gay en Don Fernando et la sympathique fraîcheur de Julia
Kleiter en Marzelline. C’est à la réunion de ces beaux talents qu’ont été
dus les moments les plus réussis de cette belle représentation, notamment le
quatuor du premier acte.
Un mot sur le chef, Sylvain Cambreling, qui ne brille pas par la précision,
mais sait faire surgir de son orchestre un riche panel de couleurs et de
timbres variés. Enfin, s’ils sont plutôt réussis, les nouveaux dialogues de
l’écrivain allemand Martin Mosebach n’apportent vraiment rien d’essentiel à
l’œuvre et alourdissent même de façon dommageable tout le premier acte.
Impression globale mitigée, donc : la réussite est au rendez-vous, certes,
mais sans aucun de ces ingrédients qui frappent un spectacle du sceau de
l’exceptionnel. |
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