Radio Notre Dame
Père Claude Ollivier
Verdi : La Traviata, Paris, Palais Garnier, juin 2007
Prodigieuse modernité de la "Traviata"
L’opéra de Paris retrouve donc à son affiche l’opéra le plus populaire de Verdi : « La Traviata » qui dès sa création en 1853 à la Fenice de Venise emporta un immense succès.
Elle fut représentée à Paris en 1926 et mise à l’affiche de l’opéra Bastille en 1997 dans la mise en scène de Jonathan Miller Une œuvre qui n’a pas perdue une ride, composée comme chacun sait sur le livret de Piave d’après la pièce de d’Alexandre Dumas Fils « La Dame aux camelias »Cette nouvelle production est présentée actuellement à l’ opéra Garnier et est signée par le scénographe Christophe Marthaler dans une distribution exceptionnelle qui d’emblée s’est imposée à tous de par la cohérence vivante et de tout le plateau.

C’est Christine Schäfer dans le rôle titre qui campe une Violetta à la fois et très fine tout en délicatesse, avec sa petite coiffure et sa robe courte qui signe un personnage qui fait souvent penser à « La Môme Piaf ». Son chant porte l’émotion de par le timbre de sa voix très juste et très pure. C’est notre vétéran José Van Dam qui impose son personnage de Germont :d’une bouleversante humanité traduite par sa voix chaleureuse et toujours bien timbrée. Alfredo c’est le jeune ténor allemand Jonas Kaufmann qui sans en faire de trop sait maîtriser son personnage et son chant en leur donnant une force intérieure assez exceptionnelle. Notons aussi la prestation de Michèle Lagrange dans le rôle d’Annina très en phase avec le mouvement général de la scénographie.

Une mise en scène décapante certes, mais animée par une intelligence et un sens aigu de l’œuvre théâtrale : "Violetta, c’est cette femme très forte, qui vit sa vie , elle est malade à mort, elle le sait mais elle a choisi de vivre… d’ou l’énergie intérieure qui rayonne dans cette réalisation d’une grande modernité de sens qui ne laisse rien d’indifférent « Verdi, dira-t-il s’empare d’un thème de son temps et le traite par la musique. Il est dans le présent, la réalité même du temps . Aussi devons-nous retrouver cette proximité mais sans transformer l’œuvre… » tradition et modernité animent alors les moindres accents de cette réalisation transfigurée par la mise en scène tout au service de la seule musique. Celle précisément des chanteurs « ce sont eux, ajoute Marthaler , qui dans le fond m’inspirent, c’est eux qui ont la responsabilité la plus haute, ce sont eux qui chantent, qui affrontent.

Il faut qu’ils se sentent bien et c’est ce que je cherche… » Dont acte ! Les décors Anna Viebrock – assez tristounet, s’inspirent tout naturellement d’une architecture d’intérieur (XIX°-XX° siècles ? ) d’une société épuisée , ils vont entourer et accentuer la solitude de Violetta. C’est Sylvain Cambreling à la tête de l’orchestre de l’opéra de Paris qui transfigure les moindres accents de la musique de Verdi : « quand l’image de Violetta échappe au temps réel, elle vit – et meurt – comme Piaf, elle est de ces femmes capables d’aimanter l’émotion ».






 
 
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