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ConcertoNet.com |
Claudio Poloni |
Verdi: La Traviata, New York, Metropolitan Opera House, 02/04/2006 - et
les 7, 11, 16, 23, 27 février
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Une Violetta admirable mais qui n'émeut pas
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La Violetta d'Angela Gheorghiu arrive enfin au
Met, dans la production qui, en 1998, avait été conçue tout exprès pour elle
par Franco Zeffirelli, avant une brouille mémorable entre la chanteuse et le
théâtre. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts... Après la série de
représentations à Covent Garden sous la baguette de Sir Georg Solti qui a
véritablement lancé la carrière internationale de la chanteuse, la Traviata
est devenu l'un des plus grands rôles d'Angela Gheorghiu, si ce n'est le
plus grand. La partition ne lui pose aucun problème, mis à part peut-être
les vocalises de la fin du premier acte. Et il est vrai que la technique
vocale est impressionnante, associée à un sens inné de la musique et à une
projection qui lui permet de remplir sans peine l'immense salle new
yorkaise. Mais d'où vient cependant le sentiment que, si on reste admiratif
devant sa prestation, on n'est à aucun moment ému ni touché par le destin de
sa Violetta, même pas au dernier acte, qui est pourtant celui qui lui
convient le mieux, vocalement parlant? La faute à un spectacle sans
véritable direction d'acteurs? Peut-être qu'une nouvelle production, et donc
l'occasion de travailler sérieusement avec un metteur en scène, lui
permettrait non seulement de chanter Violetta, mais aussi et surtout
d’entrer dans le personnage.
L'absence de conception scénique s'est fait sentir également pour les autres
interprètes. Comment peut-on, par exemple, imaginer une seule seconde
Alfredo chanter De’ miei bollenti spiriti… assis, placidement accoudé à une
table? La production tape-à-l'œil de Franco Zeffirelli, aux décors
kitchissimes lourdement chargés, mériterait donc une sérieuse reprise en
main, même si le dernier acte, lorsqu'une partie du décor remonte dans les
cintres pour faire apparaître simultanément deux étages de la maison de
Violetta, suscite toujours l’émerveillement du public.
Cette reprise de La Traviata valait aussi pour les débuts au Met de Jonas
Kaufmann, ténor allemand qui chante régulièrement à Zurich. Des débuts
ovationnés par les New Yorkais, qui ont visiblement apprécié non seulement
le physique agréable du chanteur, mais aussi sa voix aux teintes barytonales
et aux accents virils, une voix plus dramatique que celles qu’on entend
normalement dans le rôle d'Alfredo. D'ailleurs, le ténor ne doit-il pas
chanter prochainement Parsifal à Zurich? Gageons qu’après un tel succès au
Met, la direction de l’Opernhaus aura fort à faire pour ne pas le laisser
partir! Le Germont père au chant racé quoique idiomatiquement peu
italien d'Anthony Michaels-Moore et la baguette attentive de Marco
Armiliato, autrement plus inspiré que l’après-midi dans Cyrano de Bergerac,
ont également contribué à faire de cette soirée un succès. |
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