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ConcertClassic.com |
Jean-Charles Hoffelé |
Schubert : Fierrabras, Paris, Théâtre du Châtelet 12 mars 2006
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Fierrabras de Schubert au Châtelet, une résurrection
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Schubert et l'opéra : sujet inépuisable et
frustrant, tout comme ce spectacle courageux et désarmant à la fois. Et
pourtant Fierrabras eut assez souvent sa chance, certains ténors et non des
moindres (Munteanu, Alva, Wunderlich lui même) suscitèrent des revivals mais
toujours pour les studios de radio. La mise en scène de Claus Guth, au vrai
sens du terme éducative, avec son Schubert omniprésent, ce pianoforte
gigantesque, cette cour de Charlemagne noyée dans des costumes romantiques
qui semblent autant de personnages sortis tout droit des tableaux de Carus,
fait mouche. Mais sa distance intellectualisée met une barrière
supplémentaire entre l'action et le spectateur, Schubert en introduisant une
autre, plus puissante encore, avec sa musique qui veut sans cesse s'échapper
des contingences dramatiques. Si l'on ajoute encore la direction analytique
de Franz Welser-Möst, on comprendra que Schubert et le théâtre fassent non
plus deux, mais à peu près trente six.
C'est la pensée frustrante qu'engendre cette résurrection mieux
qu'exemplaire, utile et dont on peinera à détailler toutes les
exceptionnelles qualités. Welser-Möst, tout analyste qu'il soit, joue avec
un art certain des subtilités mélodiques et de l'instrumentation souvent
fragile de Schubert, et les musiciens de l'Opéra de Zürich pourraient
apprendre à ceux de l'Opéra de Paris ce qu'est un orchestre de fosse :
netteté des attaques, clarté absolue des équilibres, un vrai jeu d'ensemble
qui colle au texte et sert la scène.
On sait que Jonas Kauffman est le ténor du moment. L'écriture de
Fierrabras se coule avec bonheur dans sa voix longue, solaire, où le mot est
toujours intelligible, et sa silhouette juvénile enchante. Subtile Emma
de Juliane Banse dont le soprano lyrique s'étoffe chaque saison un peu plus,
et toute une équipe de chant qui illustre bien la santé d'une des premières
maisons d'opéra d'Europe, décidément menée avec ténacité au succès par
Alexander Pereira. Si le Châtelet pouvait inviter d'autres spectacles
zurichois, à commencer par l'Ariane et Barbe Bleue de Dukas où brillait dans
le rôle titre Yvonne Naef sous la baguette de John Eliot Gardiner….
Jean-Charles Hoffelé |
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