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ResMusica, 28/09/2004 |
Andreas Laska |
Franz Schubert: Die Winterreise, D 911, Bad Urach,
Festhalle, 25-IX-2004
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Jonas Kaufmann et Helmut Deutsch convaincants dans Schubert
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24e Festival d’Automne
(Herbstliche Musiktage) [Bad Urach] |
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Depuis 1981, la ville thermale de Bad Urach, à
une cinquantaine de kilomètres au sud de Stuttgart, abrite un festival
d’automne, fondé à l’époque par le grand baryton allemand Hermman Prey et
voué, essentiellement, au lied et à l’opéra en forme de concert. Grâce au
charme de la petite ville et grâce à une programmation intéressante, le
festival a vite trouvé son public et attire aujourd’hui des mélomanes de
toute l’Allemagne. En effet, chaque année, on choisit un thème ou un
personnage qui est exploré à travers des concerts, des conférences, des
expositions et des masterclass. Cette fois, Bad Urach célèbre le 200e
anniversaire du poète allemand Eduard Mörike (1804-1875), fils de la région,
dont les poèmes ont été mis en musique par les plus grands compositeurs, de
Robert Schumann à Hugo Wolf.
Parmi les contemporains de Mörike, se trouvent Franz Schubert et Wilhelm
Müller, dont le chef-d’oeuvre, le Voyage d’hiver, a trouvé une place dans le
programme de l’édition 2004. Ce cheval de bataille du fondateur Hermann Prey
a été confié cette année au jeune ténor munichois Jonas Kaufmann et au
pianiste Helmut Deutsch, éminent spécialiste de l’accompagnement et du lied.
Révélé en France, il y a deux ans, dans Mignon à Toulouse, Jonas Kaufmann a
été salué unanimement par la critique et le public lors de son début à la
Bastille en mars dernier, dans le rôle de Cassio dans Otello. A Bad Urach
aussi, Jonas Kaufmann s’est confirmé comme l’un des plus grands talents du
moment. Il possède une voix charnue, chaude et ronde ; son émission est
facile et homogène sur toute l’étendue. Il est capable de Mille nuances,
convainc avec de superbes piani et demi-teintes, mais également avec
d’impressionants aigus lumineux. Mais surtout, le jeune chanteur nous a
supris avec une interprétation d’une rare maturité. La douleur et la colère,
l’amour et l’espoir, la résignation et le désespoir : Jonas Kaufmann a su
exprimer tout l’éventail des sentiments éprouvés, tour à tour, par ce jeune
homme, abandonné par sa bien-aimée. Pour cela, il a trouvé un équilibre
parfait entre texte et musique. Jamais il n’a priviligié l’articulation,
pourtant claire et nette, au legato, à la ligne vocale. S’il interprète
soigneusement les paroles, il joue autant avec les couleurs de la voix.
De surcroît, Kaufmann avait trouvé un partenaire idéal en la personne de
Helmut Deutsch, qui, à chaque moment, respire avec le chanteur, et dont le
jeu varié et nuancé harmonise parfaitement avec la prestation vocale du
ténor bavarois.
Un récital mémorable donc – à peine perturbé
par une interruption involontaire, due au malaise d’un membre du public en
plein milieu du cycle. |
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