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Christophe Vetter
Mozart : Die Entführung aus dem Serail, Bruxelles Théâtre Royal de la Monnaie, 24 octobre 1999
Un grand moment de théâtre
Elzbieta Szmytka (Konstanze), Jonas Kaufmann (Belmonte), Jaco Huijpen (Osmin), Karin Ingebäck (Blonde), Peter Bronder (Pedrillo), Christoph Quest (Bassa Selim), Françoise Renson, Li Jingxian, Marc Coulin, Bernard Villiers (solistes des choeurs)
Christof Loy (mise en scène), Herbert Murauer (décors et costumes), Christian Tombeil (lumières), Renato Balsadonna (chef des choeurs)
Orchestre Symphonique et Choeurs de la Monnaie, Ivor Bolton (direction)

Cette nouvelle production confirme le grand talent de Christof Loy, après la réussite la saison passée de sa vision des Nozze di Figaro. Grâce à son travail approfondi et intelligent sur l’oeuvre, jamais Die Entfûhrung aus dem Serail n’est apparue autant dans un équilibre entre réflexion et divertissement. L’idée de ne pas couper les dialogues parlés mais, au contraire, de les mettre en avant au même titre que la musique n’alourdit pas la représentation comme on pourrait le craindre ; les personnages gagnent en subtilité, les détails de leur caractère, leurs interactions se précisent. La continuité avec les passages chantés se fait tout naturellement en accord total entre texte et musique. Disposant d’une équipe d’interprètes très doués sur le plan dramatique, Christof Loy propose une direction d’acteurs d’une grande conviction, mettant en avant l’ambiguïté des relations entre les personnages, les rapports de force parfois violents contrastant avec les moments de douceur et de clémence. Même l’air de Konstanze (" Marten aller Arten ") si difficile à mettre en place du fait de son apparente artificialité est magistralement illustrée par un jeu entre Osmin et Kontanze exprimant toute l’émotion à l’oeuvre à cet instant . Bouleversant ! Cette mise en scène bénéficie d’un décor très simple mais efficace de Herbert Murauer (exotique mais sans excès de " turqueries "), les costumes atemporels soulignant l’inscription dans l’actualité de cette oeuvre encore très moderne.

Le niveau musical est hélas en deçà de la réussite scénique : la direction d’Ivor Bolton manque de subtilité, de sensualité et de précision. Elzbieta Szmytka, habituée de la Monnaie, est mal distribuée en Konstanze avec son manque de couleurs vocales et son suraigu périlleux (ce qui est étonnant de sa part après les excellentes prestations encore récentes aussi bien à Bruxelles qu’ailleurs) ; Jonas Kaufmann (remplaçant Paul Austin Kelly annoncé), Karin Ingebäck et Peter Bronder ont chacun des difficultés vocales et seul Jaco Huijpen (Monterrone ici-même la saison passée) tire son épingle du jeu avec sa belle voix fortement projetée (malgré l’insuffisance du registre grave que peu d’Osmin possèdent). Mais tous sont de merveilleux acteurs à la hauteur de Christoph Quest, Pacha Selim qui trouve l’émotion dramatique exacte.

La série de 13 représentations s’achève mais l’on peut espérer une reprise prochaine, avec peut-être plus de satisfactions musicales.






 
 
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