WERTHER
DE JULES MASSENET À L'OPÉRA BASTILLE
L'un aborde pour la première fois le rôle complexe de Werther, l'autre
prête sa voix à Charlotte et fait un retour très attendu à Paris où elle
s'était faite rare depuis quelques saisons. Du 14 janvier au 4 février à
l'Opéra Bastille, Werther réunira Jonas Kaufmann et Sophie Koch autour de
la plus déchirante histoire d'amour de la littérature romantique
allemande. Ils nous confient leurs impressions croisées.
Transkript:
(von Gisela)
JK
Premièrement je suis très content d'avoir la possibilité de chanter ici,
surtout à Paris parce que c'est le centre de la musique française. Donc
pour moi c'est la première fois, j'ai attendu beaucoup d'années pour ce
rôle parce qu'il est extrèmement complexe, plein d'émotions, plein de
romantisme.
SK
Il est vrai que Charlotte fait partie de ces rôles important pour mezzo
très exposé. C'est un rôle qui est dans le répertoire romantique ,quand on
est fait pour ce répertoire est tout simplement sublime à chanter et
interprêter dramatiquement.
JK
En générale je crois les rôles ou les opéras françaises donnent plus de
possibilités pour ajouter des émotions et surtout des couleurs parce
qu'ils ne demandent pas seulement un ténor très clair, un ténor lyrique,
un ténor lourd, ils sont toujours avec un certain mélange de tous les
trois. C'est la voix mixte du ténor français, le ténor lyrique comme dans
le répertoire de Mozart et en même temps quelques fois un ténor
dramatique.
SK
Il y a une montée dramatique très très bien construite avec la
présentation de Charlotte, son apparition, quelques commentaires, quelques
réponses, quelques lignes qui sont plutôt vraiment des commentaires sur ce
qui se passe à côté d'elle. Au deuxième acte on amorce..on entre dans une
tension avec la scène de l'auberge et puis au troisième acte c'est
Charlotte qui commence.. va lire les lettres. Donc là on est vraiment dans
le drame qui atteindra son 'climax' avec la mort de Werther dans le
quatrieme acte.
JK
C'est toujours difficiele de trouver une solution pour entrer à 100% dans
l'émotion et en même temps de contrôler la voix.
SK
Werther c'est un opéra quand j'ai commencé à le chanter il me faisait
pleurer systématiquement, j'étais submergé par l'émotion et il a fallu que
je travaille beaucoup sur moi pour me distancier légèrement et pouvoir
donner l'émotion sans être moi-même gagné par elle.
JK
Pleurer sur scène c'est une des choses la plus difficile parce que si un
acteur a la possibilité ou la capacité mentalement de se faire pleurer
vraiment sur scène c'est ormidable- mais un chanteur ne peut pas chanter
quand il pleure. Donc ça veut dire on doit trouver aussi là une
combinaison entre des vraies émotions, prèsque à commencer de pleurer mais
d'arrêter juste là.
SK
Il m'est arrivé souvent de verser des larmes en chantant à la mort de
Werther, surtout quand c'est bien interprêté par le collègue ténor. Mais
pourquoi pas? Si on n'est pas trop gagné, si ça ne vous submerge pas, ça
peut faire vrai entre guillemets, ce n'est pas contre-indiqué.
JK
En même temps je trouve que chanter trop beau ne marche pas dans des
situations comme ça ,parce que c'est comme toutes les choses complètement
différentes
ça ne marche pas quand même. Je n'ai pas peur de perdre un peu de beauté
pour créer des émotions plus crédibles.
sk
Il est vrai que plus on chante quelque chose plus on se l'approprie, plus
rentrer dans l'émotion devient..a fait partie du métier, c'est quelque
chose qu'on contrôle davantage avec le temps. Mais il ne faut pas que ça
reste plaqué. Il faut à chaque fois faire naître l'émotion et que ça soit
crédible.
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