Classiquenews, 19.02.2014
Ernst Van Bek
 
Schubert : Winterreise (Kaufmann, Deutsch, 2013)
La frontière entre baryton et ténor est ténue ici et dévoile pour le plus grand ténor actuel , Jonas Kaufmann, des trésors de nouvelles nuances et d’éclats sertis dans le plus beau métal vocal. Le diseur égale ses aînés, ténors et barytons, par le sens du verbe ; un verbe magicien qu’il éclaire d’une faille pudique, d’une blessure qui s’exprime sans jamais s’exhiber. Le cri déchirant surgit tel un glaive magnifiquement acéré au comble du désespoir. Le style, la musicalité, la richesse du timbre, les teintes fauves et introspectives d’un acteur né traverse chacune des 24 séquences. Ici tragédien embrasé, heldentenor certes, surtout prophète d’une mélancolie naturellement musicale qui chante l’impuissance, l’extase, l’errance d’un voyage vécu jusqu’aux tréfonds des viscères. Le chant de Jonas Kaufmann, superbement chambriste, n’est pas seulement musical et hédoniste, il incarne d’autant mieux qu’il sait se mesurer, contrôler. Le piano plutôt que le forte, est son arme la plus efficace.

le dernier cd de Jonas Kaufmann est un sommet schubertien

Grâce schubertienne

A contrario de bien des confrères qui vocifèrent sans phraser, incapable de tenir une ligne, Jonas Kaufmann, ailleurs superbe wagnérien, et récemment pour le disque en un récital de toute beauté, verdien inoubliable, illumine Schubert et son mystère indicible qui pourtant ne pourrait être exprimé sans le verbe vocal. Inutile de tourner autour du pot, ce récital en studio est un nouvel accomplissement absolu du ténor allemand. Sa capacité à réinventer tout le cycle avec une intensité lié à l’investissement dans l’instant reste époustouflant. Le piano complice d’Helmut Deutsch (qui a précédemment joué avec Kaufmann, le cycle du Winterreise en concert), partenaire des plus grands, ajoute à la valeur de l’enregistrement : voici un Schubert qui n’a jamais mieux respiré, ni mieux coulé comme une caresse sombre et tragique, d’un artiste à l’autre. Un Schubert réinventé tel qu’on n’osait plus en rêver. N’écoutez qu’un seul lied : la plage 5 : Der Lindebaum (Le tilleul) : une invitation palpitante, racée … un appel à la plus grande paix de l’âme. Du très grand art. Evidemment l’album Schubert de Jonas Kaufmann est un immense coup de cœur de Classiquenews.com en février 2014.





 
 






 
 
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