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Classic Toulouse |
Robert Pénavayre |
L’indiscutable référence !
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Il
y a tout juste un an, en janvier 2010, Nicolas Joel réunissait à l’Opéra de
Paris – Bastille la distribution idéale du Werther de Jules Massenet. Fort
heureusement, DECCA l’a immortalisée. La voici.
Quand je parle de
distribution, il s’agit bien évidemment des chanteurs, mais également de la
production et de l’orchestre. Remplaçant plus qu’avantageusement la
production de Jürgen Rose (mars 2009) sur cette même scène, la production de
Benoît Jacquot, créée à Londres en 2004, est formidablement…
cinématographique. La captation vidéo qu’en fait ce dernier pour le présent
DVD relève d’ailleurs plus du 7ème art que de tout autre chose.
Depuis sa Tosca, ce metteur en scène et réalisateur est connu pour exploser
les codes de l’art lyrique. Ce DVD nous en donne une illustration
supplémentaire. Laissant sa caméra fureter en coulisses pendant le
spectacle, il nous transforme en témoins ébahis autant qu’émerveillés de
l’extraordinaire concentration qui prélude à cet art si physique et si
exigeant qu’est l’opéra. Du moins donné à ce niveau-là. Les prises de vues,
les contre-jours, les cadrages, tout est là pour souligner les décors et les
lumières d’André Diot et de Charles Edwards ainsi que les costumes de
Christian Gasc. La mise en scène de Benoît Jacquot est d’une précision
hallucinante, dans laquelle pas un geste ne relève du superflu ou d’une
certaine tradition lyrique. Nous sommes à des années-lumière des captations
du MET, pour aussi intéressantes soient-elles.
Et quelle fantastique
idée que de confier la direction musicale de ce chef-d’œuvre de l’opéra
français à l’un des plus ardents défenseurs de ce répertoire : Michel
Plasson. A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, dont on ne dira
jamais assez combien sa qualité est fondamentale dans la renommée de ce
théâtre, Michel Plasson donne une lecture intensément romantique, laissant
au temps le soin de distiller l’émotion, ne précipitant pas cette partition
dans un galop effréné, libérant dans le plus intime de ses tempi
l’incroyable respiration qui anime cette œuvre. La gigantesque standing
ovation que le salua à son retour au pupitre du 3ème acte était largement
méritée !
Sur scène, ne tournons pas autour plus longtemps,
LE Werther idéal : Jonas Kaufmann. Ce qualificatif est extrêmement dangereux
car il clôt de facto tout commentaire. Et pourtant, quel autre employer ?
Autant vocalement que physiquement, qui mieux que Jonas Kaufmann a incarné
dans le passé, ou peut incarner aujourd’hui un poète aussi enflammé,
suicidaire ? Artiste de notre temps, il sait à la perfection traduire les
tourments de ce jeune homme saisi par les affres d’un romantisme
crépusculaire. Et il le fait avec des accents d’une extrême modernité,
envoyant aux oubliettes les stéréotypes encombrant encore trop souvent nos
scènes lyriques. Ecoutez-le. Regardez-le. Vous n’en reviendrez pas.
Sophie Koch (Charlotte) lui donne une réplique d’une très belle qualité
autant émotionnelle et musicale. Les seconds rôles sont bien sûr au
diapason, en particulier la Sophie d’Anne-Catherine Gillet. En résumé,
une sorte de miracle qui va immédiatement rejoindre les plus prestigieuses
pages de la légende de l’art lyrique. |
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