Classica, octobre 2010
Jérémie Rousseau
Very, very verismo  

"choc du mois"
IL FAUT S'Y FAIRE : CHAQUE NOUVEAU DISQUE DU TÉNOR ALLEMAND JONAS KAUFMANN SUSCITE UNE AVALANCHE DE SUPERLATIFS!

Le dernier album de Jonas Kaufmann rejoint sur les mêmes cimes les opus précédents. Que dire? Que tout y est, simplement. Les dix-sept plages sont portées par un souffle - une grâce - inattendus dans ce type de programme, où le muscle et les postures prévalent trop souvent. D'emblée, on est emporté par des personnages à qui rien ne manque, vivants, vibrants, bien distincts les uns des autres, et aussi plus complexes et moins tape-à l'œil que de coutume. Si le soin apporté au texte donne à chaque air des allures de lied « décadré », leur élan et leur électricité sont fécondés par un souffle et une technique qui peuvent et osent tout, de la demi-teinte sussurée (l'attaque soyeuse de « La dolcissima effigie », sa messa di voce finale) à l'aigu solaire alla Corelli ( «Come un bel di maggio », le lamento di Federico - sommet du disque). Le champ de nuances semble bel et bien infini, et des colorations du timbre jaillissent des étreintes, des gouffres et des clairs-obscurs assez uniques c'est une italianità réinventée, sensuelle comme jamais, mais nourrie d'une rigueur et d'une hauteur de vue qui n'appartiennent qu'au ténor allemand; écoutez les fulgurances de l'improvisation d'Andrea Chénier, les sublimes phrasés d' «Amor ti vieta », l'intériorité crépusculaire du plus goethéen « Giunto sul passo estremo » qui soit. En grande forme, Eva-Maria Westbroek le rejoint pour un duo final de Chénier tout feu tout flammes - à l'image de la direction bouillonnante de Pappano. Splendide.




 
 






 
 
  www.jkaufmann.info back top