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Classique News, 12 septembre 2013 |
par Carl Fisher |
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Récital Verdi de Jonas Kaufmann CD coup de coeur
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Jonas
Kaufmann: The Verdi Album. Enregistré pour son nouveau label, Sony
classical, en mars 2013 à Parme (Italie), ce récital Verdi affirme le talent
inégalable aujourd'hui de l'immense ténor munichois, Jonas Kaufmann. AU
crédit de ce programme éblouissant pas moins de ... 11 premières pour le
disque. C'est l'interprète qui le précise, documentant dans le livret chacun
des rôles présentés. La couleur et le timbre si repérables, d'un grave et
d'une intensité essentiellement romantique, s'allient à une rare
intelligence dramatique qui couplée à l'expertise d'un diseur, produit in
fine cet abattage incarné d'une finesse inouïe.
Jonas
Kaufmann, ténor verdien au sommet
A priori on ne l'espérait
pas chez Verdi mais la conduite de la ligne (Radamès), le contrôle des
pianissimi (même Radamès), l'accentuation ciselée de chaque mot, l'étonnante
flexibilité des nuances et accents renouvellent de bien des façons notre
approche des rôles concernés : exactement comme son prédécesseur Jon
Vickers, Kaufmann régénère aujourd'hui la compréhension et
l'approfondissement dramatique de chaque rôle investi : Kaufmann serait-il
en passe (lire ensuite) de renouveler le rôle d'Otello comme l'avait fait
son royal aîné ?
Les rôles pour ténor verdien sont ici parfaitement
défendus dans un programme équilibré ... : des courts mais expressifs Duc de
Mantoue (Rigoletto) et Radamès (Aida) aux caractères ambitieux, aussi
dramatiques que vocaux tels Don Carlo, Alvaro (La force du destin), et bien
sûr Otello. Mais son souci du verbe et le raffinement des intentions
ténues du texte sont tout autant remarquablement ciselés pour Gabriele
(Simon Boccanegra) et en particulier un Rodolfo sanguin, tragique, tout à
fait schillérien (Luisa Miller)...
A quoi tient le miracle Kaufmann ?
Sa technique vocale est mise au service d'un jeu dramatique d'une
exceptionnelle acuité. Il exprime toutes les failles et les blessures à
peine tues puis l'allant d'un désir irrépressible qui étreignent l'esprit de
Riccardo (Un Bal masqué) ; du Trouvère (Trovatore), sa félinité en
filigrane, à la fois mordante et tendre éblouit et embrase le caractère
entier et passionné de Manrico (quel tempérament et quelle évidence ...) ;
notre préférence va évidemment à son Rodolfo (Luisa Miller) de braise et
d'éclats idéalement Schillériens : la passion sauvage, l'intensité de
l'ardeur juvénile sont saisissantes de sincérité et de vérité dans l'ivresse
à pleine voix, comme dans les piani gorgés de douleur amère, d'innocence
sacrifiée et trompée (Oh! fede negar potesi ... Quando le sere al placido,
plage 6)... une couleur troublante et si riche comparable à son approche du
rôle de Macduff (Macbeth) en fin de programme ; l'urgence panique, le chant
embrasé font toute la valeur de ses Gabriele et Don Carlo qui suivent.
Le sommet attendu étant Otello (qu'il prépare pour une prochaine prise
de rôle) : il connaît comme il le dit lui-même dans la notice et le livret
de l'album, idéalement documentés, la partition ayant chanté depuis
longtemps le rôle de Cassio ; pour le rôle-titre, la densité, l'épaisseur
terrassée du personnage, entre folie et tendresse, sensualité impuissante et
sauvagerie du sentiment de soupçon surgissent en un feu vocal digne d'un
immense acteur. Voici "Le Kaufmann" qui mûrissait depuis quelques années :
justesse de l'intonation, style impeccable, souffle et contrôle dynamique,
surtout intensité et couleur font ce chant habité, désormais à nul autre
comparable. Avec une telle présence, un tel naturel dramatique, cet Otello
exceptionnel, bigarré, multiforme, d'une imagination et créativité de
première classe, confirme à quel niveau d'intelligence artistique et vocale
est parvenu le ténor munichois. Ayant déjà un agenda plus que complet pour
les 10 ans à venir, Jonas Kaufmann, offrant le récital verdi le plus
bouleversant qui soit, aiguise encore notre désir de le voir et de
l'écouter. Son Otello à venir devrait être le prochain grand événement de la
scène lyrique des mois à venir. Soutenant et dialoguant avec le chant
clair obscur d'un interprète né, l'orchestre parmesan sous la direction de
Pier Giorgio Morandi sait rester à sa place, trouvant souvent de vives et
fines couleurs. Le travail des musiciens et du chef fait aussi la réussite
du programme. Voici au registre des nouveautés, le disque convaincant que
nous attendions cette année Verdi 2013. Récital événement, coup de coeur de
classiquenews.
Jonas Kaufmann, ténor. The Verdi Album. Orchestre de
l'Opéra de Parme. Pier Giorgio Morandi, direction. 1 cd Sony classical.
Enregistrement réalisé en mars 2013 (Parme, Italie).
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