Enregistré
en direct sur la scène du Royal Opera House de Londres en juillet
2011, cette production de Tosca est une réussite majeure. Et
certainement la plus belle que l’on puisse trouver sur DVD.
Les phalanges du Covent Garden, familières de ce répertoire, sont ici
encore superlatives de rondeur, de puissance et d’homogénéité sous la
conduite pleine de passion d’Antonio Pappano.
Sur scène, dans
les décors de Paul Brown et une mise en scène de Jonathan Kent, une
production très illustrative, trois monstres sacrés se disputent les
faveurs du public. Bryn Terfel est bien sûr le Scarpia ignoble et
libidineux que l’on imagine. Imposant, mal rasé, les cheveux collés
par la sueur, les yeux exorbités par le désir, il est l’image même de
tout ce que Floria Tosca ne veut pas connaître. Vocalement, il domine
le Baron sadique avec une aisance confondante. Projection, couleurs,
ambitus, engagement scénique, tout fait de lui un interprète proche
de l’idéal. Face à lui, le révolutionnaire Mario Cavaradossi
ne lui cède en rien sur aucun domaine. D’une présence scénique
admirable d’implication et de sensibilité, Jonas Kaufmann incarne le
célèbre peintre puccinien jusqu’à la perfection.
Elégance du
phrasé, emploi parfaitement maîtrisé des demi-teintes, formidable
puissance des accès de rage, aucun ténor aujourd’hui ne peut lui être
opposé. C’est un modèle, comme son Don José, pour longtemps.
Au milieu de ces hommes animés par des idéaux diamétralement opposés,
il y a une splendeur, la Floria Tosca d’Angela Gheorghiu. Certes, la
prise de son « plateau », favorise peut-être bien des choses, mais
clairement il n’existe pas de Tosca plus belle que la cantatrice
roumaine. Quant à son phrasé d’une souplesse exemplaire et son timbre
d’une belle rondeur et d’un velours précieux, ils sont aussi mis au
service d’une incarnation qui est appelée à faire date.
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