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Classique News, June 17, 2011 |
Ernst Van Bek |
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Puccini: Tosca (Kaufmann, Hampson, 2009)- Kaufmann et Hampson au sommet
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Dans
cette mise en scène zurichoise d'avril 2009, ce n'est ni la direction certes
fluide mais un rien trop lisse et décorative du chef Paolo Carignani (qui
gomme les aspérités dramatiques de la partition: où est cette anxiété
mordante si envoûtante à Orange en 2010 sous la baguette d'un magicien
autrement plus inspiré, Mikko Franck?), ni le chant honnête de la soprano
Emily Magee qui frappent directement l'esprit.
Kaufmann et Hampson au
sommet
Les hommes en revanche sont à leur sommet vocal... et
scénique. Jonas Kaufmann souffle le feu et la braise dans un rôle expressif
qu'il sert avec la passion et le mesure nuancée qui le caractérise. Qu'il
ait le physique du beau Mario artiste et bonapartiste ajoute évidemment à
l'aplomb indiscutable de sa performance. Face à lui, associant très
subtilement barbarie cruelle et raffinement, Thomas Hampson brosse un
Scarpia animal, félin, sadique et dominateur des plus stylés: très grande
classe de surcroît dans un chant millimétré, jamais forcé, impeccable avec
une prestance digne des acteurs du cinéma américain des années 50 ! La
réussite ici est totale.
Reste la mise en scène de Carsen, égrainant
ses poncifs visuels désormais emblématiques: robes haute couture (façon Dior
pour la robe bleue de Tosca au II, là où toutes les divas depuis Callas dans
les années 50 et 60 arboraient plutôt un rouge ardent de convention!),
coupes de champagne et smocking... Chez le canadien, les héros de l'opéra
semblent tous sortir d'un coktail mondain sur les Champs et cette tendance
au chic international atténue souvent la singularité théâtrale de chaque
ouvrage abordé.
Mais les options visuelles et scéniques restent assez
pertinentes: au I, le théâtre s'invite à l'église; un vaste rideau bouche la
perspective de la nef remplie de chaises d'orchestre; jusqu'au final, où
c'est Tosca dans sa robe bleue virginale qui paraît en gloire sous les
traits d'une Vierge triomphante! Au II, l'éclairage électrique acide et
contrasté accuse la tension du tableau. Pour autant, le système Carsen
semble plus appliqué que fusionné avec le drame, et souvent son vocabulaire
chic et toc semble ... rien que décoratif. Donc, un dvd incontournable pour
les deux hommes du cast: Hampson et Kaufmann y sont littéralement à tomber.
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