|
|
|
|
|
Classica, 8 décembre 2009 |
|
Gènes de talent
|
La note de Classica :
Jonas Kaufmann se tourne vers des œuvres écrites dans sa langue natale,
l’allemand... un répertoire inscrit dans ses gènes !
|
L’excellence
était attendue, prévisible, et, sans surprise, elle est au rendez-vous. En
se concentrant sur le seul répertoire allemand, Jonas Kaufmann égale son
premier récital Decca ("Choc"), carte de visite éclectique et "grand public"
qui démontrait sa maîtrise de l’opéra allemand, italien et français, fort
d’une technique, d’une intelligence et d’une perméabilité aux styles assez
phénoménales.
Ici, le fait de chanter dans son arbre généalogique ne dispense nullement le
ténor de raffiner et de fouiller l’âme des personnages, d’éclairer texte et
sous-texte, en exaltant la beauté de la musique et en s’appuyant sur des
moyens toujours aussi splendides. C’est à la fois lyrique et organique,
intérieur et éclatant, étudié et spontané, sans rien qui pèse ou qui pose.
On pourra trouver son Tamino (dans deux airs) un cran en dessous, peut-être
trop étale, gêné sans doute par la lecture hésitante d’Abbado et un Sprecher
sans aura ; c’est aussi que nos oreilles ont perdu l’habitude de Mozart si
héroïques. Peu enregistrés, les extraits d’Alfonso und Estrella et
Fierrabras de Schubert constituent d’agréables surprises, ciselées par la
lumière vif-argent du timbre et portées par les accents suaves du Mahler
Chamber Orchestra. Quant aux airs plus rabâchés, le ténor en renouvelle
notre écoute, avec un "Winterstürme" brillant et inquiet, une scène de
Florestan anthologique, avec ce "Gott" d’introduction pianissimo comme surgi
du néant, puis enflé et conduit jusqu’à l’extase finale. Aux deux extraits
de Parsifal, on préférera encore ceux, immatériels, de Lohengrin,
terriblement humain derrière les voiles du mystère. Là encore, Jonas
Kaufmann trouve en Claudio Abbado un partenaire attentif et engagé, tenant
avec fermeté un orchestre qui n’est que souffle et caresse.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|