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LaLibre, Belgien, 13.2.2008 |
Nicolas Blanmont |
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Jonas Kaufmann, nouveau divo ?
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Opéra Le ténor allemand à la beauté lyrique |
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On l'a déjà entendu et vu à la Monnaie, que ce
soit en concert, en récital ou même dans deux productions scéniques :
"L'enlèvement au sérail", en 1999, puis "La damnation de Faust", en 2002.
Mais, à l'époque, il n'avait pas encore la notoriété et la reconnaissance
qui sont les siennes aujourd'hui, et on peut se demander si sa gloire
grandissante ne risque pas de le cantonner désormais aux toutes grandes
maisons capables de payer des cachets que l'on imagine en hausse : c'est
que, en signant chez Decca, sans nul doute la maison de disques au catalogue
le plus riche en grands noms de l'opéra, Jonas Kaufmann a encore franchi une
étape. Déjà apprécié des connaisseurs, le ténor allemand accède ainsi au
statut de star lyrique, au même titre que Rolando Villazon ou Juan Diego
Florez, pour ne citer que ses collègues ténors de la nouvelle génération.
Plus encore que les deux précités, Kaufmann a, il est vrai, l'atout d'un
physique plutôt avenant. Mais on aurait tort de le réduire au statut de
bellâtre, tant ce qu'il montre ici dans ce premier récital est assez
remarquable.
Certes, le programme n'a, pour l'essentiel, rien de très original : Bizet
("La fleur que tu m'avais jetée" de Don José), Massenet ("Pourquoi me
réveiller" de Werther et "Ah Fuyez douce image" de Des Grieux), Gounod
("Salut, demeure chaste et pure" de Faust) et Berlioz (l'Invocation à la
nature de "La damnation de Faust") côté opéra français, Puccini ("Che gelida
manina" de Rodolfo, "E lucevan le stelle" de Cavaradossi) et Verdi ("De miei
bollenti spiriti" d'Alfredo, et, déjà plus rares dans ce genre d'exercice,
"Ella mi fu rapita" du Duc de Mantoue - on échappe à "La donna è mobile" -
et "Io la vidi, e il suo sorriso" de Don Carlo) pour l'opéra italien, c'est
finalement dans le répertoire allemand que les choix sont les plus
audacieux, tout restant relatif : le "Preislied" des "Maîtres-chanteurs de
Nuremberg", un extrait du "Freischütz" et un autre de "Martha" de Flotow.
Mais d'un bout à l'autre, on admire l'extraordinaire qualité de la diction,
capable de rendre à chaque mot sa clarté et son sens, la superbe
expressivité, et la maîtrise imparable de toute la tessiture avec un aigu
solaire, un grave sonore et un médium très présent.
Pour ne rien gâter, l'accompagnement de l'Orchestre Philharmonique de
Prague, excellemment dirigé par Marco Armiliato, offre les mêmes vertus
d'intensité, avec des sonorités riches et soyeuses. |
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