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la Croix, 22/12/15 |
Emmanuelle GIULIANI |
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Cadeau de Noël: Jonas Kaufmann chante Puccini
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Une
idée de cadeau de dernière minute : remarquable et remarqué dans
Wagner et Verdi, le ténor Jonas Kaufmann s’est plus récemment
investi dans l’univers de Puccini.
Un coffret CD et DVD
chez Sony Classical témoigne de son engagement musical et
scénique inégalable.
Dans le cercle des amateurs d’opéra,
on ne présente plus Jonas Kaufmann. Le ténor allemand s’est
imposé au firmament en une dizaine d’années, même si la carrière
de cet artiste de 46 ans a commencé, plus discrètement, bien
auparavant. Notamment dans la troupe de l’Opéra de Zürich, en
Suisse.
Pour les autres, on signalera sa voix qui use du
clair-obscur avec la maestria d’un Georges de La Tour, sa ligne
de chant élégante et infinie, son physique de star et son sens
du théâtre qui s’épanouit dans les rôles romantiques, voire
tragiques, dont l’opéra n’est pas avare…
Sa culture
germanique (il est né à Munich en 1969, son grand-père lui
jouait les grandes pages de Beethoven ou Wagner au piano…) l’a
naturellement orienté vers Mozart puis, la maturité vocale
venant, vers Wagner, tandis que son lyrisme et sa flamme font
merveille dans Verdi. Sans oublier le chant français et
notamment ce Werther de Massenet qui, en 2010, mit à ses pieds
tout le public de l’Opéra Bastille!
Mais l’ardent Jonas
réserve aussi son talent aux héros de Puccini, se lançant voix
et âme dans leurs espoirs et leurs douleurs. Loin de tout effet
racoleur, il y apporte ce parfait équilibre entre intelligence
et instinct, maîtrise et fièvre, jeunesse des sentiments et
expérience de la vie. Le coffret de fêtes, édité par Sony
Classical réunit trois livraisons pucciniennes à marquer d’une
pierre blanche (1).
Un CD florilège
La première, la plus récente, sous la forme d’un CD enrichi
d’un beau livret, offre au ténor un parcours dans l’œuvre de
l’auteur de Tosca, au fil d’airs et de duos (notamment avec la
soprano Kristine Opolais).
Voici donc, sous la direction
d’Antonio Pappano, des pages bien connues et sublimement
chantées de La Bohème ou de Madame Butterfly mais aussi des
raretés comme ces extraits, confondants de beauté, d’Edgar et de
Le Villi, les deux premiers ouvrages du jeune Puccini! Et c’est
son ultime chef-d’œuvre, inachevé d’ailleurs, Turandot qui ferme
le ban avec deux airs, dont le fameux « Nessun Dorma » (« Que
nul ne dorme ») à faire s’écrouler la Cité interdite…
Manon Lescaut à Londres
La deuxième,
captée en 2014, restitue en DVD la production de Manon Lescaut,
opéra de jeunesse et coup de maître, donnée au Covent Garden de
Londres et mise en scène par Jonathan Kent.
Si
l’esthétique clinquante du décor et des costumes peut décevoir,
le jeu d’acteurs et l’intensité émotionnelle des protagonistes –
Jonas Kaufmann en des Grieux pris dans les rets de la passion et
Kristine Opolais en Manon – emporte l’adhésion: l’on espère,
l’on tremble, l’on pleure et l’on meurt avec eux! Antonio
Pappano est à nouveau à la direction musicale.
La
Fanciulla del West et de Vienne
La troisième et
dernière nous entraîne, sous forme d’un DVD encore, à Vienne en
2013. Puccini toujours mais, cette fois-ci sa Fanciulla del
West, étonnant et original western lyrique qui oppose la soprano
Nina Stemme, héroïne au grand cœur, au tendre mauvais garçon
incarné par Jonas Kaufmann.
La vocalité sinueuse et les
harmonies étranges de la partition conviennent particulièrement
bien à la palette expressive du ténor allemand, à son nuancier
qui donne parfois à l’auditeur l’impression qu’il rêve plus
qu’il ne chante.
Là encore, le dispositif scénique signé
Marco Arturo Marelli peut surprendre mais la direction musicale
très (trop) tenue de Franz Welser-Möst met en lumière la
modernité de l’orchestration. Et laisse les chanteurs régner en
seigneurs et maîtres sur le plateau.
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