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Christophe Huss

Die schöne Müllerin

Etrange projet... Dans la série "je prends un bazooka pour écraser une mouche" La Belle meunière de Jonas Kaufmann c'est vraiment quelque chose! Il faut raisonnablement reconnaître qu'il y a tout de même quelques étrangetés. D'abord le format vocal, gros et qui peine à se tailler un format de Kammersänger. Des Müllers Blumen (plage 9) est symbolique de ces contorsions, provocant à la fois des moments curieux et des instants soudain attendrissants. L'impression qui se dégage, renforcée par le vaste espace sonore créé par la prise de son, est celui d'un chanteur essayant de faire "passer" Schubert dans une salle trop grande. Ce qui me gêne énormément, c'est cette hétérogénéité de couleurs dans la conduite vocale. Je ne suis pas convaincu que toutes ces nuances sont le fruit d'une maîtrise et d'une préméditation. Avec son tempérament, Kaufmann nous donne une Belle meunière très théâtrale et expressive. Il est amusant de le voir associé sur les images au recto et au verso à un cadre puisque c'est exactement du cadre des conventions du Liedersänger que son outil vocal s'échappe sans cesse. Toutes proportions gardées, il en va de La Belle meunière de Kaufmann comme du Voyage d'hiver de Vickers: c'est une version à connaître… quand on en a une bonne demi-douzaine d'autres.